Nous revoilà dans un bus pour changer. Direction la frontière avec le Nicaragua. C’est bien l’endroit où on a eu le plus l’impression de se faire arnaquer. D’un côté de la frontière pour sortir, il faut aller payer dans une petite échoppe grillagée qui ne ressemble pas du tout à un bureau officiel l’impôt de sortie du territoire. Au final ils ne se prennent qu’un dollar en plus pour le service mais il y a bien une machine (en panne lors de notre passage) qui devrait permettre d’obtenir son reçu directement dans le bureau. De plus, l’agent de la frontière s’en fiche complètement du reçu, à croire que même sans payer on aurait pu passer.


En sortant, on nous dirige vers une vérification des bagages, complètement sommaire bien sûr malgré l’imposante machine. Puis il y a un no-man’s land à traverser à pied. Tom est fatigué alors on prend le pousse-pousse à vélo qui est là, qui nous dit que c'est super long, et nous dit que c’est un dollar.

Ce sera deux à la fin parce que le prix est par personne en fait, et c'est à côté, bref, ca part bien. On nous dit ensuite qu’il faut payer un impôt municipal, à une nana dans un box à l’écart, on ne sait pas trop si c’est vrai mais devant l’insistance de la dame, on y va et on paye. Ensuite il faut payer pour entrer. Bref, et c’est pas terminé. Il faut maintenant trouver un bus de l’autre côté et là c’est la cohue. On se retrouve dans un bus, on monte vers le nord avec, ça on sait mais on ne sait pas trop si on va arriver à s’arrêter où on veut. On s’endort... loose time, finalement réveillés juste avant le terminal ! C’est-à-dire qu’on arrive à Managua, la capitale du pays, pas du tout notre destination. On descend un peu déboussolé et on retrouve illico un bus qui redescend, on prend deux heures de trajet de plus mais finalement on arrive.


Masaya nous voilà !

On descend devant un grand supermarché. On y achète deux trois bricoles et on retire des sous locaux enfin. Ca permettra de ne pas laisser des dollars entiers à chaque fois qu’on dépense, il faut dire que les prix sont plus bas mais à coup de dollars, ça monte vite. On trouve un taxi et on lui demande de nous amener en centre ville, ce faisant nous guettons les rues chacun de notre côté pour repérer des hostels. Le taxi nous dépose sur la place centrale. La ville est super jolie comparée au Costa Rica. De vrais bâtiments qui semblent avoir une histoire, une architecture d’inspiration coloniale (ca fait plaisir de changer de la tôle ultra présente au Costa Rica), des rues de taille raisonnable pour y vivre et non seulement pour y rouler.


Il y a des gens dehors, des petits marchands ambulants, de la musique, des jeunes, des très jeunes, des plus âgés et des bien plus vieux. Quelques touristes mais surtout beaucoup de locaux. Une ville de province qui vit tranquillement. On s’y sent bien tout de suite.

On retourne à une auberge que j’ai repérée sur le chemin, Hostel California, la devanture avait l’air sympa. Nous sommes accueillis par un homme mûr qui a été taxi pendant des années en France et qui a ensuite vécu au Canada avant de revenir dans sa ville natale.

Il parle super bien français et il est très accueillant. Un ami à lui, français, aussi papote avec nous. Bonne ambiance.



On ressort visiter la ville et sur ses conseils, nous dirigeons vers le parc à côté qui borde une rivière. Il y a plein de gens qui déambulent ou dégustent des petites choses. En face, sur la berge, s’élève un volcan. Dans le noir, on distingue sa forme et surtout on voit à l’œil nu les éruptions volcaniques ! Il y a du magma rouge qui sort par éclaboussures et qui coule sur le flanc. C’est impressionnant !

 

Demain soir, on s’est mis d’accord avec notre hôte qui nous emmènera moyennant finance voir le cratère du volcan et la roche en fusion. Nous nous dirigeons ensuite vers un restau mexicain de la rue de l’auberge. Très sympa avec un balcon, on y mange bien et c’est bon. Après un voyage chaotique et fatigant, emplis de bruits et de poussière, nos premières impressions du Nicaragua sont très positives. Masaya semble vraiment une ville où il fait bon vivre.



Le lendemain nous nous dirigeons vers la station de bus. C’est un grand parc de terre battue poussiéreux où le marché côtoie les bus bariolés. Nous nous approchons d’un bus au capot ouvert pour voir le moteur, un coup d’œil impressionné au chauffeur qui brique la bête. Il sourit. Ca buzz d’activités ici, on vend à la criée, on charge dans les bus qui semblent aller partout dans un ordre complétement chaotique mais tout le monde semble savoir lequel prendre. La destination est plus ou moins écrite sur le fronton des bus. Ce sont de vieux bus scolaires américains qui entament une seconde vie au Nicaragua, remis au goût local à coup de déco et peinture. Ils ont tous un ou plusieurs signes religieux, comme s’il fallait prier beaucoup pour voyager dans ces bus. Le système c’est que les chauffeurs achètent des licences pour une ligne de bus en particulier au gouvernement et se chargent du reste. Ils sont deux en général. Un conducteur de bus et un rabbateur qui collecte également l’argent des voyages. Selon la distance parcourue c’est plus ou moins cher et si tu es backpacker tu paies un supplément pour le sac de voyage, pas que les locaux avec d’énormes sacs de riz ou autres le payent a priori mais c’est comme ça. Le rabbateur crie par la porte la destination, siffle le chauffeur pour l’arrêter et le redémarrer, monte sur le toit pour hisser les bagages et autres marchandises. Une dame devant nous a un petit cochon avec elle qui crie, les autres passagers lui donnent des conseils et papotent. Des vendeurs montent et descendent avec toute sorte de marchandise à proposer aux passagers, de quoi grignoter, boire ou faire un petit cadeau aux enfants ou même des médicaments parfois. Il y a quelques mendiants également qui passent. Les bus sont plein de vie et mélangent les jeunes, les vieux, les nouveau-nés qui sortent de la maternité accompagnés de la famille, les étudiants qui sortent de l’université avec un t-shirt à ses couleurs et les élèves en uniforme. C’est un melting pot assez génial.



Nous partons pour le lac Apoyo. C’est à une petite heure. Un joli lac dans un écrin de jungle verte. Le développement autour de l’étendue d’eau reste raisonnable, quelques restaurants bars, un hostel et une resort conservent un caractère tranquille à l’endroit. On déjeune à l’auberge qui propose de tout et même des sushis. Décidément au Nicaragua, on mange bien. Le soir c’est parti pour la visite du volcan en fusion. Notre hôte nous emmène en voiture, une voiture française dont il est très fier. Il connaît bien les gens à l’entrée, on passe juste. Seul un certain nombre de personnes sont autorisées à entrer car les gaz étant toxiques, ils ont organisés des rotations d’une vingtaine de minutes. On monte et on plonge nos regards dans cette matière orange qui gronde au fond du cratère, ça fume, ça crépite et ça coule comme une rivière rouge orangée chaude. La nuit est tombée alors ça brille d’autant plus. C’est blindé de touristes en tout genre qui se pressent pour faire les photos qui immortaliseront ce moment. Nous repartons et croisons en descendant un vieux bus qui est coincé dans la montée assez aigue pour le cratère. Le moteur a rendu l’âme apparemment, les touristes se demandent si le top est encore loin, ça ira ils en seront quittes pour une dizaine de minutes mais la redescente risque d’être longue. Notre hôte prévient les gardes à l’entrée en partant.



Le lendemain nous sommes repartis sur les routes. On décide un peu en fonction de ce que nous raconte les gens du pays et puis selon la façon dont Tom voit la carte, il divise en gros les jours qui restent et les attribue à des endroits. Cette fois c’est Granada. Encore une ville mais bon après on ira sur Ometepe, plus rural avec des fermes et tout et tout. ! On a regardé quelques auberges sur internet avant d’y aller en se disant que ce serait pas mal pour ne pas trop galérer à en trouver vu qu’on arrive en pleine chaleur de la journée mais de toutes façons quand on arrive, on est paumé et au final, on tourne un peu et on prend la première auberge qu’on trouve. Elle est très bien dans le style du reste de la ville. Colonial avec des couleurs chaudes aux murs. La ville est encore plus belle que Masaya avec de jolis monuments et grands bâtiments. Ca me fait un peu penser à La Havane à Cuba ou même à la Sardaigne à certains moments. Tom y fera un cours de cuisine pour la rectte d’un plat local, l’indio viejo, pendant que je bullerais à l’auberge après notre visite du coin. Le soir, on en revient aux priorités, c’est-à-dire que nous entrons dans un sports bar pour y déguster un hamburger devant un match de foot. Barcelone contre le PSG. Inutile de préciser que l’endroit était rempli de fans de Barça bien sûr. Et que le PSG a pris sa raclée. Nous avons eu droit à quelques regards compatissants en fin de match et sommes rentrés tranquillement à la maison. Le lendemain, nous faisons un tour par le marché pour y découvrir une spécialité locale dont nous avait parlé notre hôte à Masaya. Le Bao, cuit dans des feuilles de bananiers en cuisson longue, il y a de la longe de porc bien grasse et tout un tas de végétaux du coin dont du yuca par exemple. C’est absolument délicieux, on le mange posé dans la rue avec les mains et on file le reste graisseux aux chiens errants. Le marché ressemble au souk marocain, avec ses petits quartiers spécialisés, sa nourriture abondante, ses légumes luxuriants et ses multiples épices. Direction le bus, on part pour Ometepe.



Ometepe est une île formée par deux volcans et entourée d’un lac.

Le paysage semble tout droit sorti du cerveau d’un graphiste de dessins animés. Nous prenons deux bus dont le deuxième très cher pour le court trajet est calculé exprès pour les touristes mais bon, nous arrivons à l’embarcadère du lac. C’est parti sur un petit rafiot couvert de bâches en cas de mauvais temps. Les volcans grandissent à vue d’œil. Nous débarquons.

De là nous partageons avec deux nanas en vadrouille un taxi pour nous avancer vers notre auberge. Celle-là on l’a repéré depuis un bail, le Zopilote, présenté comme un hostel et une ferme en permaculture avec la possibilité d’y faire du volontariat. On a même pris contact et demandé si c’était possible, on nous a répondu de voir en arrivant avec une certaine x dont je ne me rappelle plus le nom. 



Pour une fois on sait où on va. Enfin presque. Arrivés sur place, un bus transformé en boutique constitue l’accueil du lieu. Là des jeunes nous disent de monter pour rejoindre l’auberge. On monte en suivant le chemin plus ou moins pierreux.

Ca monte et ça tourne mais on arrive au restaurant de l’auberge qui est aussi son comptoir d’accueil. Là on explique pourquoi on est là. Ca passe plus ou moins au dessus de la tête de la dame et nous sommes fatigués, pas de très bonne humeur aussi alors on se pose au restaurant. Sensation étrange d’être isolés dans une communauté que nous ne comprenons pas tellement. Finalement, on ne trouve pas x mais on prend deux lits dans un dortoir. Un jeune local nous y mène, très sympa, on traverse une cuisine de plein air où des dames locales font du pain puis on découvre que les habitations sont toutes en éco-constructions de bambous ou bois, nous dormons dans un dortoir qui est un toit sur une plateforme et qui a des hamacs ou des lits, tous protégés par des moustiquaires. Rustiques et sympathiques.

J’aime bien la salle de bain pas trop loin, renommée « à la japonaise », où un paravent de bambou préserve l’intimité mais la douche est en plein air et l’enceinte couverte de jolies plantes et de pierres au sol. Les toilettes sont toutes des toilettes sèches bien entendu. Pas hyper propres, peut-être à cause du nombre de passage ou de la chaleur. Le restaurant semble très vegan ou végétarien, avec certains produits de la ferme. Nous restons. Tom essaye de papoter avec des gens, on rencontre quelques personnes sympathiques dont un couple de français et finalement nous demandons si nous pouvons réserver un tour dans la ferme, une visite des lieux en somme, puisqu’on dirait que le volontariat n’est pas très actif à part des volontaires pour tenir la boutique et un volontaire pour le jardinage. C’est ce dernier qui se chargera de la visite. Durant cette visite, nous rencontrons un couple américain, Connor et Courtney. Courtney a rencontré Connor en voyage quelques semaines plus tôt et rentre bientôt aux Etats-Unis, elle est très connectée et se dit rapidement très emballée par notre projet de partage collaboratif des techniques de permaculture et paysannes traditionnelles. Connor lui travaille en apprenti au Rancho Mastatal au Costa Rica et doit refaire son visa donc il en profite pour prendre quelques congés au Nicaragua. Il nous recommande le Rancho Mastatal (où nous irons) puis la finca Bona Fide à côté du Zopilote, qui elle est une ferme sœur du Rancho. Les deux sont des fermes expérimentales en permaculture à vocation pédagogique.

Parfait, on ira faire la visite ! La visite du Zopilote est une déception.

Afin de se déplacer dans l’île plus facilement, nous décidons de louer un scooter. C’est encore le moyen le moins cher pour se déplacer facilement car les bus sont assez rares quand même. Les motos sont même mieux du fait de certains chemins de terre et de pierres impraticables en scooter à travers certains villages. Toutefois, le scooter nous permet de pousser un peu plus loin, d’aller voir un trou d’eau, ojo de agua, ultra commerciale mais qui semble être la piscine municipale des locaux, genre de piscine bétonnée au milieu de la jungle, d’aller admirer un très beau couché de soleil sur une pointe de sable qui s’avance dans l’eau et de nous arrêter à la soirée barbecue d’un restaurant un peu loin du Zopilote. Plat très alléchant mais ils ont pris trop de commandes par rapport au nombre de clients et je finis avec une moitié d’assiette pas terrible alors que tout le monde mange des focaccias cuites au four à pain délicieusement aromatisées et de bons morceaux de barbaque. Lors du moment de la note, je suis passablement énervée et la note baisse pas mal en conséquence, heureusement. Dommage parce que ça aurait pu être très bon. Nous dînons à côté d’un couple allemand qui subiront avec nous les mésaventures quoique je leur céderai la dernière assiette complète, vu le gars qui est une grande masse et qui doit être affamé vu l’attente. Il nous raconte ses mésaventures de location de moto. Apparemment, tout en conduisant, la clé est tombée. Aucun soucis la bécane marchait encore mais bon il a perdu la clé du coup et puis pour l’arrêter et la démarrer… bref une galère. Nous nous faisons piquer dans le parking du Zopilote, lors de la soirée pizza, nos rétroviseurs. On devra les repayer et ce n’est pas peu cher. 30 dollars les deux pauvres petits rétros. Tant pis. La soirée pizza est sympa mais encore cette sentation de ne pas être en phase avec les personnes qui sont là, un truc sur lequel je n’arrive pas à mettre le doigt qui me dérange. Tom me dit que ce sont des pseudo-roots, pas des gens qui vivent proches de la nature et avec peu, mais qui le temps d’un séjour le prétendent, c’est peut-être cette hypocrisie qui dérange. Nous ne sommes pas mécontents de nous tirer de l’île à vrai dire. Elle oscille entre nature merveilleuse et fermes authentiques, avec des villages bien locaux et attrape-touriste. Son lac est tellement pollué que les gens en général ne s’y baignent plus. L’avenir nous dira dans quelle direction évolue l’île mais il n’apparaît pas très joyeux au vu du développement déjà en cours.



Lieux visités:

Finca Bona Fide

Zopilote

 

Portraits:

Lee

 

Vidéos techniques réalisées pendant cette période: