Nous sommes maintenant des barroudeurs du bus. Avant de monter dans celui qui nous emmènera à Manzanillo, on prend quelques petites choses à grignoter et à boire. Tranquilles. Manzanillo nous est recommandé par notre hôte de Cahuita qui nous dit qu’il n’y a pas trop de tourisme, surtout des locaux vont là-bas, là où tout le monde s’arrête plutôt à Puerto Viejo, la ville touristique du coin. Du coup, le bus nous y emmène mais nous ne ferons que la traverser. 


Durant le trajet, nous voyons défiler à nouveau des kilomètres de plantation de bananes et passons même à travers des villages entiers aux couleurs assorties à la marque d’agro-alimentaire dominante du coin. Ils ont de jolies petites maisons, une école, des terrains de jeux, un resort même qui semble aller en bord de plage et un hôpital également.

Les travailleurs semblent pouvoir passer de la naissance à la mort dans ce coin, toutes les infrastructures payées par la grosse société. L’hôpital nous fait penser que jamais aucun scandale sanitaire n’éclatera sur les conditions de travail vu qu’il est aussi aux couleurs de la marque. Une sorte d’enfer vert où les maladies dues aux pesticides seront présentées comme la norme à des gens qui ne sortiront pas de cet univers-bulle. On dirait un film de Science-Fiction mais là, on le voit qui se déroule sous nos yeux alors que le souvenir de l’avion d’épandage aperçu la semaine dernière est encore très présent.

Frisson dans le dos. Notre projet de vie est à l’opposé de ces géants de l’industrie agro-alimentaire dont la poursuite du profit semble donner tous les droits de vie et de mort sur ces populations, qui sans être esclaves sur le papier, nous semblent l’être dans les faits.

Quittant cette vision hantée, nous débarquons sur un bout de plage agrémentés de cocotiers séparées des auberges et habitations sommaires par une route que nous empruntons. Le bus s’arrête là, après c’est la jungle, il devra faire demi-tour pour reprendre une route un peu plus loin et continuer vers la frontière avec le Panama. Manzanillo, c’est comme la petite sœur pauvre de Santa Teresa finalement. C’est cher aussi mais comme partout au Costa Rica finalement. On peut y louer des salles de bains à la journée ou plus longtemps, c’est l’indice que le tourisme local est effectivement présent. Les locaux viennent en famille avec leur pique-nique/barbecue et campent tranquilles. Nous trouvons une auberge-restaurant, tenue par un israélien enjoué qui nous explique qu’il se la coule douce ici. Son frère en visite des Etats-Unis est tout heureux d’être là et se demande bien pourquoi il continue à retourner dans la vie frénétique moderne quand il pourrait faire la fête tous les soirs avec son frère. La côte est du Costa Rica est caribéenne, les ticos d’ici sont noirs de peau et de culture très différente du centre ou de l’ouest, c’est un peu la Jamaïque ici. Ceux qu’on croise sont cools, ont le sourire facile et un parler qui est un mélange d’espagnol et d’anglais. On dîne avec un excellent repas dans l’auberge, le chef local est très fier de sa cuisine et avec raison. La chambre est sommaire mais correcte à part la douche qui est beaucoup trop humide. Il y a un petit balcon où nous pouvons ainsi nous poser tranquille avec vue sur la mer, qu’on distingue à travers les palmiers.



Le lendemain direction Punta Mona en excursion pour la journée. Il paraît qu’on peut y aller en bateau ou à pied à travers la jungle. Nous choisissons la jungle bien entendu. En suivant de vagues indications glanées sur trip advisor et avec l’espoir de trouver un chemin de rando, on s’aventure. Au début, c’est un parc classique alors c’est assez simple et très beau, en bord de mer. Nous arrivons à un point de vue qui surplombe la mer et on distingue de magnifiques poissons qui nagent en bas dans l’eau turquoise et transparente. Après nous entrons dans la jungle. Nous remarquons rapidement que les chemins sont inusités depuis un bail, il y a d’énormes toiles d’araignée en travers de notre chemin. On finit par s’emparer d’un bâton que nous tenons devant nous afin de ne pas rentrer la tête la première dedans. Les araignées sont très grandes, pas velues mais aux pattes qui semblent acérées et rayées jaune et grise, pas envie de nous approcher. On avance et nous nous enfonçons dans la jungle petit à petit. On ne prend certainement pas les bons chemins mais nous finissons par arriver à une ferme qui semble vaguement nous rappeler un détail dans les indications que nous avions lu et nous la longeons d’un côté. De là, il n’y a qu’un chemin alors on y va et finalement lorsque nous apercevons d’autres habitations abandonnées celle-là, nous décidons de longer la côte puisque Punta Mona est en bord de mer. Peu de temps après la voilà. Nous y arrivons par la plage. C’est un cadre idyllique, on pourrait y jouer un film. Une belle plage puis s’ensuit une belle clairière où de jolis bancs et tables sont placés, environnés de plants comestibles en tout genre. Puis des habitations, de grandes maisons de bois, aux belles plateformes ouvertes. Une cuisine pleine de gens qui papotent et nous sourient à notre arrivée. Il faut attendre Lala nous dit-on, que nous avions prévenu par email un jour plus tôt. En attendant je retourne dans la clairière, une jeune fille aux longs cheveux et son bébé sont partis donner à manger à un cheval gris pommelé qui s’abrite à l’ombre, derrière il y a un énorme basilic qui se balade. En revenant, j’aperçois notre premier colibris, au début je crois à un énorme insecte dans le coin de mon œil, mais non c’est un oiseau qui butine au nectar d’une belle fleur. J’ai l’impression d’être dans un rêve de National Geographics. Aussi vu, aussi envolé, le petit oiseau de reviendra pas. Lala nous accueille et nous réalisons la visite des lieux avec elle.



Tout est cher à Punta Mona, ce que nous avions vu sur le site, ça nous avait interpellé quand même pour un endroit qui se fait la promotion de la permaculture, ça limite pas mal l’accès d’où pour nous une visite en journée et non un passage plus long. Je ne sais pas si c’est parce que tout est cher au Costa Rica ou parce que les Nord Américains en général ont l’habitude de payer cher ce genre de choses. Il faut dire que le lieu est fondé par un ponte de la permaculture, il faut payer la marque donc on dirait, le caractère consommateur et monétisé nous dérange mais le lieu est magnifique et Lala nous explique plein de choses à mesure que nous vagabondons dans le jardin d’Eden. Tout y est comestible ou presque. Le déjeuner est excellent, préparé par des permanents du lieux. Après le déjeuner, nous allons faire un peu de snorkeling avec des masques qu’ils nous ont prêtés. C’est super beau, j’adore et je m’amuse à suivre plein de petits poissons colorés et à leur faire peur. Nous croisons une volontaire sur la plage qui est nostalgique de chez elle en Colombie et de son petit-ami mais qui a fini par s’y faire même si elle a toujours hâte de rentrer.




En parlant de rentrer, il est grand temps. Le soleil se couche tôt et il est 14h, nous prévoyons deux heures avec une marge pour rentrer. Lala nous indique le départ du chemin « officiel » que nous n’avions pas suivi et nous donne quelques indications. C’est parti. Bâton à la main car rien qu’au démarrage, on passe de justesse sous une énorme toile d’araignée. Le chemin commence par une fourche. Super on est déjà perdu. Tom choisit un chemin, on avance et on arrive jusqu’aux réservoirs d’eau, c’est une bonne chose mais derrière on est sensé aller tout droit et il n’y a que la droite ou la gauche. On tente à gauche, on s’enfonce dans la jungle, on arrive à un grand bosquet de bambous, on continue. Tom sort la boussole, je regarde, ce n’est pas la bonne direction du tout. On insiste quand même, on passe sur un sol couvert de feuilles de banane sèches. C’est plein de fourmis qui remontent immédiatement nos chaussures et commencent à attaquer. Alerte ! On court pour arriver à un chemin barré par un morceau de bambou, clairement déposé là à main humaine. Chemin fermé. On fait demi-tour, on court et on tente un autre chemin, on ne dirait pas un chemin il y a à peine la place de marcher. On revient sur nos pas. En retraversant les feuilles de bananes en courant et en arrivant devant le chemin fermé, je vois soudain, dans le coin de mon œil droit, se détacher des pattes, de longues pattes grises rayées de jaune. Mon cerveau se bloque et je comemnce à hurler comme une damnée. J’ai une araignée dans les cheveux, je sais exactement à quoi elle resssemble, on n’en a vu plein et c’était déjà difficile de passer à un mètre d’elles. Je hurle, je hoquète, je gigote frénétiquement, je tombe à la renverse. Je suis hystérique. Je me relève aussi sec. L’araignée n’est plus là quand Tom s’approche finalement mais je pleure et j’ai le cœur qui bat à 100 000 à l’heure. Je n’arrive pas à me calmer. Il me serre dans ses bras, on est perdu au milieu de la jungle et moi je n’ai plus toute ma tête là. Je finis par me calmer et on repart en arrière. On arrive au réservoir, on tente à droite, le chemin nous ramène à la fourche ! Tom ne s’en rend pas compte et commence à être énervé on repart sur un autre chemin de la fourche, qui nous ramène à ces réservoirs. On ne peut pas aller tout droit ! Ca nous rend dingue, le temps file et notre marge avant le coucher du soleil s’amenuise. Bientôt il faudra décider de dormir sur place ou non car la jungle dans le noir c’est pas possible. Excédés, on retourne à la ferme, on va prendre le chemin qu’on a pris à l’arrivée en sens inverse, celui-là au moins on le connaît. C’est parti et on marche vite, très vite, je serre les dents et on maintient le rythme pendant plus d’une heure, à avancer ainsi que ça monte ou descende, dans la gadoue ou dans les rochers. On reste vigilant pour les araignées et éviter les grosses flaques de gadoue spongieuses qui absorbent nos chaussures. On avance comme si notre survie en dépendant, on n’en est pas si loin, maintenant qu’on est au milieu de la jungle, il faut arriver avant le coucher du soleil et surtout pas se perdre ni se faire mal parce qu’on ne peut pas ralentir. Quand nous arrivons enfin, nous avons bien une heure encore avant le coucher du soleil. La marche rapide et intense a calmé nos esprits et mon hystérie. Ouf, quelle aventure !



Le lendemain nous repartons. Lors de notre visite à la Finca Coralina Vieja avec Ramon, il nous a vanté Bocas del Toro au Panama, où il travaillait avant. Il nous en fait une superbe peinture carte postale et comme le voyage touche à sa fin et que l’anniversaire de notre relation approche, on se dit qu’on va aller là-bas pour finir en beauté ce beau voyage de deux mois. Il faut repasser une frontière mais bon après celle avec le Nicaragua, c’est bon on est au taquet.


Bus donc pour commencer. Arrivée à la frontière, petit guichet douteux pour payer la taxe de sortie costa ricaine, passage au bureau officiel, puis passage d’un vieux pont au bout duquel des militaires armés nous attendent. Contrôle des papiers puis passage au bureau officiel de l’autre côté. On négocie un prix de taxi commun puis on attend que d’autres clients se joignent à nous. Arrivés à l’embarcadère pour Bocas del Toro c’est un peu la cohue mais on finit par monter dans un petit bateau au milieu de touristes et locaux tout confondu. C’est parti.



L’arrivée est magique, de jolis petits bâtiments avec des pontons sur l’eau. On débarque et on se met à errer dans la ville. Deux jeunes filles souriantes que nous croisons nous indiquent quelques auberges qu’elles ont trouvé jolies en passant devant. On y va. Le premier n’a pas de place mais c’est très beau effectivement. Le second a de la place mais la chambre nous inspire pas du tout. Tant pis, on prend. Heureusement les parties communes sont super sympas et il y a une très jolie terrasse où nous y rencontrons un espagnol d’Espagne dont les parents sont venus dans le coin il y a longtemps et qui travaille dans cette auberge et dans un bar, c’est sa soirée de repos là. Il nous offre un rhum coca et on papote. Super sympa. Il y a une cuisine commune alors on en profite pour faire à manger. On rencontre un couple de français partis en vadrouille depuis le Mexique jusqu’en bas, au Chili, en presqu’un an. Ils sont supers sympas, on s’entend bien et on décide le lendemain d’aller faire un tour sur une plage dont je rêve depuis que Ramon en a parlé : Las estrellas. C’est parti, mini-bus pour y aller, la route est étroite, pas de place pour marcher à côté et ça roule vite. Arrivés là-bas, ils nous montrent comment ouvrir une noix de coco et on se régale grâce à eux, eau de coco et chaire de coco, rien de meilleure surtout quand t’as galéré pour l’ouvrir toi-même !

On a loué des masques et eux en ont apportés mais ici, même pas besoin pour voir les énormes étoiles de mer que l’on aperçoit à travers la transparence bleutée de l’eau. C’est juste magnifique et avec les masques il y a encore plus de choses à voir, une belle raie incluse ! C’est vraiment superbe ! La soirée se déroule conviviale, sur le toit de l’auberge, d’autant que nous avons changé de chambre, nous sommes à l’étage, vraiment mieux !


L’arrivée est magique, de jolis petits bâtiments avec des pontons sur l’eau. On débarque et on se met à errer dans la ville. Deux jeunes filles souriantes que nous croisons nous indiquent quelques auberges qu’elles ont trouvé jolies en passant devant. On y va. Le premier n’a pas de place mais c’est très beau effectivement. Le second a de la place mais la chambre nous inspire pas du tout. Tant pis, on prend. Heureusement les parties communes sont super sympas et il y a une très jolie terrasse où nous y rencontrons un espagnol d’Espagne dont les parents sont venus dans le coin il y a longtemps et qui travaille dans cette auberge et dans un bar, c’est sa soirée de repos là. Il nous offre un rhum coca et on papote. Super sympa. Il y a une cuisine commune alors on en profite pour faire à manger. On rencontre un couple de français partis en vadrouille depuis le Mexique jusqu’en bas, au Chili, en presqu’un an. Ils sont supers sympas, on s’entend bien et on décide le lendemain d’aller faire un tour sur une plage dont je rêve depuis que Ramon en a parlé : Las estrellas. C’est parti, mini-bus pour y aller, la route est étroite, pas de place pour marcher à côté et ça roule vite. Arrivés là-bas, ils nous montrent comment ouvrir une noix de coco et on se régale grâce à eux, eau de coco et chaire de coco, rien de meilleure surtout quand t’as galéré pour l’ouvrir toi-même !

On a loué des masques et eux en ont apportés mais ici, même pas besoin pour voir les énormes étoiles de mer que l’on aperçoit à travers la transparence bleutée de l’eau. C’est juste magnifique et avec les masques il y a encore plus de choses à voir, une belle raie incluse ! C’est vraiment superbe ! La soirée se déroule conviviale, sur le toit de l’auberge, d’autant que nous avons changé de chambre, nous sommes à l’étage, vraiment mieux !

Le lendemain, nous partons pour une autre plage, plus éloignée, où nous Tom nous a réservé un petit plaisir de luxe pour notre anniversaire. Une belle chambre chez un couple de vieux anglais très sympas qui se sont installés là sur cette plage magnifique. Quelques autres hôtels ont poussé avec des restaurants mais dans des styles discrets et jolis qui ne dénaturent pas cette belle plage avec ses gros rouleaux de vague impressionnants. L’endroit est génial, la chambre magnifique, les hôtes gentils et adorables, la douche extra avec de l’eau chaude et des produits tous locaux à base de coco. Un régal et un repos incroyable. Le soir nous dînons dans l’un des deux restaus, le plus romantique des deux. C’est très bon et notre serveur et très sympa. Le lendemain nous partons en balade explorer le parc d’à côté. Il est plein de chemins de quad mais nous y allons à pied. Des paysages superbes dont une plage avec plein de murènes aux couleurs improbables et une lagune à l’eau incroyable claire et foncée à la fois, un bleu profond qui donne envie d’aller voir et plein de poissons qui y circulent. Nous sommes enchantés et assoiffés à la fin de la balade que nous terminons sur la plage au bar du restau d’hier et nous y dégustons en plus de bières bien fraîches, une délicieuse pizza feu de bois. C’est un régal. Le soir c’est apéro avec les hôtes, nous nous autorisons un petit cocktail réalisé par le monsieur avec talent puis barbecue au restaurant à côté. Viande très bonne et repas encore une fois super sympa. Cet anniversaire est génial du début à la fin de notre séjour. Nous retournons à Bocas et retournons dans notre auberge que nous aimons bien finalement, on y retrouve nos amis et y passons une bonne soirée. Le lendemain Tom part en plongée et moi je reste là tranquille à papoter. On se sent bien sur cette île ! Nous repartons alors que la pluie tombe par intermittence. Il faut retourner à la frontière et commencer à remonter pour aller prendre l’avion.



Nous décidons de ne pas trop nous embêter et de retourner à Cahuita chez notre hôte qui était si sympa. On y récupère notre chambre et y passons deux jours sympathiques avant de reprendre la route pour San José. Nous n’allons pas à Tortuga finalement, trop de transports pour y aller, trop cher pour y rester, nous en avons un peu marre de casquer à chaque fois et ce parc est réputé pour être très touristique, nous évitons. Direction San José pour notre dernière nuit. Nous arrivons tôt dans l’intention de dormir dans un quartier pas trop moche, de bien dîner et d’être proche du bus pour l’aéroport. Nous galérons bien avant de trouver une petite auberge tenue par des locaux sympathiques. Nous sortons dîner au restaurant asiatique chic du coin. C’est très bon. Nous dormons quelques heures et c’est parti pour l’arrêt de bus. Nous marchons un peu puis couvrons le reste de la distance en taxi. L’arrêt est désert. Il y a un gardien. Il est tico, nous discutons et il nous raconte sa vie, comme c’est dur à San José, comment les chinois et les américains ont préempté son pays et comment il nourrit sa petite famille difficilement. Sur cette note, nous montons dans un bus vide de touristes et plein de locaux qui partent bosser. Il est 4h30 du matin. A 5h nous sommes à l’aéroport et nous voilà arrivés à la fin de notre voyage.


Contact:

http://puntamona.org/

  

Fiche-Lieu:

Punta Mona

 

Vidéos techniques:

Chinampas


Pourquoi cultiver des arbres