Nous quittons Raiatea avec le Maupiti Express, qui comme son nom ne l'indique pas, ne va plus à Maupiti mais emmène toujours des passagers à Tahaa et Bora Bora. C'est un trajet peu cher de 5h sur un bateau relativement comfortable. L'ambiance est très animée avec tous les étudiants revenant du lycée de Raiatea le vendredi soir. On a donc la chance d'observer de près la jeunesse de Bora Bora, représentative ou non de la jeunesse de Polynésie Française. De la musique reggaeton remixant de vieux sons, jouée très fort, et l'attitude typique des ados qu'on trouve partout, sans regard pour les frontières géographiques ou temporelles, au moins durant la moitié du siècle dernier. Nous rejoignons notre hôte helpx, Laura, à l'arrivée. Nous sommes chanceux d'avoir trouvé une autre option de volontariat car il n'y en a pas beaucoup sur les îles. Laura nous accueille avec un grand sourire et nous récupère au port. Il est déjà assez tard et il fait nuit noire autour de nous. Quand nous arrivons à la Villa Rea Hanaa, un petit hôtel cosy sur lequel je vous en dirais plus plus tard, elle nous montre tout de suite notre « studio » pour le mois qui arrive. Waouh ! On est aux anges ! Une petite cuisine, un lit double, des carreaux au sol, une douche juste au bout et des toilettes à 30-40 pas de là dans la buanderie. C'est un palace ! On avait bien profité de la grange de Vaihuti Fresh bien sûr, mais comme une expérience disons et c'était super mais c'est aussi également super de dormir dans un bon lit confortable dans un vrai petit studio ! Nous sommes tellement reconnaissants et avons hâte de commencer le jour suivant !



Nous apprenons à connaître Sasha et Laura durant les 6 semaines que nous passons à la Villa. Ils sont vraiment adorables ! Ils ont aussi voyagé à travers le monde avant nous, utilisant helpx pour faire du volontariat dans plein d'endroits. C'est vraiment une manière différente de voyage, d'expérimenter la « vrai vie » du pays, de créer de nouveaux liens et des amitiés. Ils ont une vie plutôt internationale, Laura d'Espagne et Sasha de Serbie, ayant vécu et voyagé à travers de multiples pays. Nous parlons pas mal de voyage ensemble mais aussi de la « vie après le voyage », c'est-à-dire à une vie « standard ». Laura a découvert alors qu'elle ne pouvait plus s'y conformer et c'est ainsi qu'ils ont entrepris ce projet fou qu'ils vivent à présent : Ouvrir une villa, créée par un artiste célèbre, Garrick Yrondi, en le transformant en un romantique boutique hôtel à Bora Bora. Ils y sont depuis près d'un an et c'est assez intense !



Quotidiennement, nous aidons avec le bricolage en réparant ou améliorant des choses qui en ont besoin et en nettoyant aussi un peu. Nous passons notre dernière semaine sur les medias de l'hôtel. Thomas fait une vidéo courte et une longue pour promouvoir l'endroit et je m'occupe d'ajouter du contenu sur le site internet et de le traduire en français. Sasha est également un photographe très talentueux alors le site est déjà superbe visuellement et il faut juste ajouter du contenu écrit. Découvrez la Villa à travers le travail de Tom juste ci-dessous !



Ces semaines sont remplies de jours heureux. Nous travaillons à peu près 4h par jour et passons l'aprsè-midi soit à travailler sur les Alterculteurs soit à aller à la plage ou à visiter l'île. Nous avons souvent des repas sympas avec Sasha et Laura et passons également des soirées mémorables ensemble, à cuisiner ou dehors à prendre un verre. Comme si les bonnes choses n'arrivaient pas seules, il se trouve que Sylvain, son ami qui vit à Raiatea, vient également chaque semaine pour le travail à Bora Bora le mardi et aussi pour y acheter de la délicieuse glace à l'italienne. Nous nous revoyons donc et passons encore d'autres bons moments ensemble. Sylvain et sa copine Laura viennent même sur l'île pour une petit séjour romantique et nous passons une super matinée sur la pirogue polynésienne d'un ami de Sylvain (en fait un bateau modifié pour contenir jusqu'à 10-15 personnes et très confortable). Nous avons la chance d'observer un énorme requin citron, d'explorer le jardin de corail sans personne autour et de marcher sur un motu avec un très intéressant jardin botanique. Un autre jour, on se retrouve pour une excursion au motu de Fanfan où nous tombons amoureux des raies léopards qui ressemblent à des oiseaux volant sous l'eau, leur nez ressemblant à un penguin et leur dos de velours noir parsemé de cercles dorés. Elles n'ont pas l'air de ce monde ! Et nous pouvons les admirer tout notre content car nous restons sur le motu tout l'après-midi et elles volent dans ce coin toute la journée. Nous quittons le motu en fin d'après-midi et disons au-revoir à Laura et Sylvain qui restent pour une nuit romantique sur le motu.





Sylvain nous le retrouvons chaque semaine. Ca fait un peut comme si on construisait une vie ici à Bora, avec l'amitié de Laura et Sasha et celle de Sylvain ou avec Hilde la voisine, une dame allemande qui vit sur l'île depuis plus de trente ans et qui a des histoires incroyables à nous raconter. C'est un super sentiment et une parenthèse bienvenue à notre voyage.

Après quelques semaines à Bora, nous commençons à organiser notre sortie à Maupiti. Maupiti est une petite île qui n'est pas trop loin et qui est connue pour ses raies mantas qui circulent dans le lagon. Voir des raies mantas en snorkeling ! Il faut qu'on y aille et surtout Thomas qui malgré toute son expérience en plongée n'a toujours pas réussi à en voir une. L'avion pour y aller est plein jusqu'en Juin et de toutes façons les vols courts sont les pires pour l'environnement alors nous cherchons une autre solution.

Heureusement pour nous, Sylvain connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un, en fait des pêcheurs de Maupiti qui font régulièrement l'aller-retour pour Bora afin de faire des courses. Nous nous mettons d'accord avec Teimana sur un prix et c'est parti sur un potimarana un jour de grand vent. Le potimarana est un bateau utilisé spécialement pour chaser le Mahi Mahi (dorade coryphène) . Le design a été inventé dans les années 60 par un pêcheur qui voulait pouvoir aller pêcher tout seul (parce qu'il était insupportable apparemment et plus de pilotes ne voulaient sortir pêcher avec lui!) Il a modifié son bateau pour que le moteur puisse être contrôlé par un joystick depuis le devant du bateau où il pourrait ainsi s'assoir et pêcher d'une main tout en controllant le bateau de l'autre. Chasser le Mahi Mahi qui nage proche de la surface de l'eau et pouvant ainsi suivre chacun de ses mouvements instantanément ont fait de lui un pêcheur très efficace et renommé et donc son design est devenu célèbre dans les îles. Aujourd'hui ces bateaux sont conçus pour la vitesse et l'agilité et sont toujours conçus avec ce design spécial.



Le trajet en bateau est bien agité et le temps très venteux et gris. Les vagues sont immenses et transportent des quantités d'eau phénoménales. Imaginez un volume d'eau aussi grand qu'un immeuble, bougeant avec une telle force sous la surface de l'eau et nous, un petit bateau fragile, avec 5 vies à bord, surfant grâce à l'expérience de notre pilote. C'est une vraie expérience d'humilité.

A l'arrivée à la passe qui nous permettra de rentrer dans le lagon de Maupiti, je me rappelle l'avertissement de Hilde. « N'allez pas à Maupiti quand la mer n'est pas calme. Deux frères de l'île qui avaient l'habitude d'aller pêcher, sont sortis un jour de tempête. Seulement un des deux frères en est revenu après avoir chercher longtemps pour son frère, disparu en mer lorsqu'ils traversaient la passe. » . Effrayant. Je vois Teimana et ses deux amis regardant autour d'eau à l'approche de la passe. Les vagues viennent s'écraser sur les récifs de corail autour du lagon, la passe est assez étroite et il y a un courant suffisamment fort pour être visible qui sort du lagon vers la mer. L'effet résultant est assez chaotique à la passe.

Mais notre bateau à trois têtes et 6 yeux qui regardent dans toutes les directions en même temps donc quand vient le moment, Teimana pousse le moteur et le bateau fait un bond vers l'avant et traverse la passe d'un seul coup vers les eaux plus calmes du lagon. Quelle aventure ! Nous arrivons tout fatigué et salé à la pension, juste à temps pour le dîner.



Gloria cuisine vraiment bien et nous profitons d'un très bon repas revigorant avec une mention special pour son gratin de Uru, fruit de l'arbre à pain, qui nous remplit copieusement l'estomac. Nous dînons avec un couple belge qui loge aussi ici. Ils sont là depuis quelques jours alors nous écoutons leurs conseils. Ils sont vraiment sympas et nous passons une super soirée !

Le jour suivant nous les rejoignons sur une bateau qu'ils ont trouvé avec un pilote pour un prix tout à fait raisonnable et qui nous emmène juste voir les raies mantas. Nous passons un bout de temps à les chercher dans le lagon, la mer y est encore un peu agitée mais vraiment bien plus calme bien sûr. A un moment on se demande si la malédiction de Tom de ne jamais voir de manta est entrain de nous rattraper ici à Maupiti. Mais finalement, nous en repérons une, proche de la passe, nageant contre le courant. Dans l'eau, on nage juste au-dessus d'elle. Magnifique et pleine de grâce, elle a l'air de nager sans effort contre le courant alors que c'est comme de courir un marathon de rester au-dessus en palmant à toute force pour ne pas être emporté par le courant.

Pour célébrer la fin de la malédiction des mantas sur Tom, on décide de se partager une bouteille de rhum et on passe la soirée tous ensemble à mixer des cocktails avec ce qui nous tombe sous la main. Nous avons plein de citrons et pastèques de la généreuse nature de l'île, du jus d'ananas de Moorea et on se retrouve avec plusieurs combinaisons intéressantes plus ou moins délicieuses, qui se terminent de toutes façons avec des Hinano lorsque la bouteille elle-même est terminée. Anne-Catherine et Frédéric sont des gens joyeux avec qui on s'entend facilement et nous sommes tristes de les voir partir alors qu'ils doivent se réveiller très tôt le lendemain pour attraper un avion.

Tom doit passer au-delà de sa gueule de bois le lendemain alors qu'il part plonger. Yannick les emmène dans le lagon et leur explique que la meilleure façon d'admirer les raies mantas est de faire tout l'opposé de ce qu'ils ont appris pour plonger. Retenir sa respiration pour ne pas faire de bulles (sans risque en eau peu profonde), se retenir aux pierres pour se stabiliser et rester sur place, emporter trop de poids pour être sûr de rester au fond.

On a beaucoup aimé notre temps sur l'île mais nous sommes aussi contents de rentrer sur Bora. C'est comme revenir à la maison, même si ce n'est pas chez nous, c'est comme un juste milieu qui est sympa et confortable. 



Grâce à Hilde, nous avons appris que le frère de Johnny Ridge travaille dans une boutique de perles sur Vaitape. Nous allons le rencontrer et lui appelle son frère avec qui nous obtenons un rdv. Qui est Johnny Ridge ? A lire ICI. Nous avons pris connaissance de son existence à travers la fédération des associations environnementales en Polynésie Française. Il est connu pour la promotion de l'agriculture naturelle en PF. Il a écrit un livre à ce propos, « evolution farming », inspirée par l'agriculture naturelle et sa propre expérience en climat tropical. Nous avons essayé de le contacter pendant un moment mais finalement, c'est grâce à radio cocotier que nous arrivons à le rencontrer. Nous sommes très impressionnés par sa passion et son projet sur une terre qu'il a réussi à obtenir à Bora Bora. Ce sera très beau et nous avons hâte d'entendre parler de ce projet dans les années à venir.



Finalement, Avril vient et passe, Mai commence et bientôt, trop vite, il es temps pour nous de quitter Bora Bora, et même la Polynésie Française. Nous reprenons la mer avec le Havaikinui pour retourner sur Tahiti où nous prenons un dernier dîner à la roulotte avec Perrine et Laurent, notre premier hôte airbnb, 3 mois plus tôt. La boucle est bouclée. C'est comme de se réveiller d'une très long rêve. Dire qurevoir à Laura et Sasha n'est pas facile et nous nous promettons de nous revoir, sur la route, sur Bora ou en France, nous savons que ce sera le cas mais c'est quand même un moment nostalgique. Nous devons aussi dire au revoir à Sylvain et sa Laura, et avons aussi hâte de les revoir un jour. Tom est content d'avoir pu raviver cette amitié avec quelqu'un d'aussi bon et avec le cœur sur la main. Bien sûr tout n'est pas rose en PF, mais ca y ressemble pas mal quand même. Hilde, Thierry, Paul, Arii'hau, les Jujus, Laurent, Perrine, Leila... tellement de personnes géniales, tellement de vies dont nous avons croisées le chemin. Si la vie le veut bien, on reviendra en PF un jour, c'est sûr !