2 Janvier – 3 Janvier : Wellington - Looking for bicycles

Nous débarquons par le ferry à Wellington et devons rejoindre un couchsurf à l'autre bout de la ville. Nous sommes accueilli par Alex, un homme d'une soixantaine d'années qui vit en coloc. Il accueille des couchsurfers depuis des années et continue à le faire. Nous sommes invités à diner. On dort dans le salon après avoir regarder un film romantique à la télé.

Le lendemain nous partons à la recherche de vélos. Wellington n'est définitivement pas le bon endroit pour ça, quelques boutiques de vélos certes mais tout y est hyper cher. On finit par trouver sur la marketplace de facebook un vélo d'occasion. Il est superbe, on prend. Reste à trouver un vélo pour Tom et à s'équiper.

 

Le jour d'après nous reprenons un petit bateau pour traverser la baie et aller voir Sarah, l'ex-femme de Will qui nous avait accueilli contre vidéos dans sa formation en autonomie en Angleterre. On trouve de l'autre côté un vélo pour Thomas et on s'équipe, l'addition est salée. Sarah, elle habite une super jolie petite maison en bord de mer et nous encourage à venir piquer une tête avec elle de l'autre côté de la rue avant de nous emmener en ville prendre un verre. On passe une super soirée en sa compagnie et elle a la gentillesse de nous emmener vélos inclus jusqu'à la gare pour attendre le bus qui nous emmènera plus au nord.



4 Janvier – 6 Janvier : Let the cycle tour begin ! Rotorua – (24km - flat)

Nous arrivons en début de soirée en ville. Notre premier défi, mettre tout notre barda sur les vélos ! L'équilibre est assez somaire ! Mais ça marche et nous filons vers notre camping car il est déjà tard. Le camping a des bains thermaux. Et oui on est dans la région ! On en profite bien.

Le jour suivant, nous avons la chance d'être accueillis chez une famille, grâce au réseau des Warmshowers, un réseau dédié aux cyclistes. Eva, Pete et leurs enfants vivent à Rotorua dans une jolie petite maison avec un très beau jardin plein d'arbres fruitiers et agrémenté d'un très beau potager. Nous avons un picnic sur la pelouse du jardin ensemble puis prenons nos vélos pour aller à Whakarewarewa, un Maori village conservant la culture maori traditionnelle en vie et qui organise des tours guidés pour les touristes pour leur faire découvrir leur héritage culturel.


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Te Whakarewarewatangaoteopetauãawãhiao

C'est le nom entier de leur village. Les gens qui y vivent sont les Tuhuorangi Ngati Wahiao. Ce village est situé dans un domaine géothermal extrêmement actif. Il est construit autour de ces trous d'eau chaude et des geysers qui sont utilisés pour différentes choses, y compris cuisiner, se baigner et même, d'antan, pour l'embaumement. Les activités touristiques actuelles sont menées par les gens de cette tribu et le village est encore habité par eux. A la porte d'à côté, il y a une autre activité touristique basée aussi sur l'activité géothermale et la culture maori mais celui-ci est la propriété du gouvernement et personne n'y habite. Quelques années plus tôt, le gouvernement a essayé d'acheter la terre de ce village et de virer les Maoris qui y habitaient afin, et merci d'en noter l'ironie, de transformer le tout en une attraction touristique sur la culture maori. Heureusement, les gens qui habitaient là ont stoppé le projet et il y a maintenant deux organisations touristiques séparées qui font donc ces tours, même si l'une est clairement plus authentique que l'autre.

Nous sommes accueillis par un spectacle d'une des familles vivant dans le village, avec des chansons anciennes et des danses, des démonstrations de batons et de bolas traditionnelles ainsi que le fameux Haka. Même si cette performance est faite pour les touristes c'est aussi une bonne introduction dans la culture maori qu'il est difficile d'approcher autrement en tant qu'étranger. C'est un moment puissant et plein d'énergie avec beaucoup d'amour flottant dans l'air. Tous les muscles incluant ceux des yeux et de la langue sont utilisés et cela donne un sentiment incroyable de force et de vie. C'est assez émouvant.

Les tours guidés comme celui que nous faisons sont une longue tradition maori car ils commencent aux environs du XIXe siècle. Les femmes de cette tribu étaient et sont très expansives et à travers les contacts avec les pionniers, certaines ont appris l'anglais. Les Maoris qui pouvaient faire le lien entre les cultures et au-delà de la barrière de la langue étaient très recherchés à l'époque afin de mener des transactions entre les deux. Ces femmes sont devenues assez célèbres pour leur compétence de guide en menant des étrangers à travers la culture maori. Certaines ont même accueilli des personnalités royales lors de visites et sont même allées en Angleterre, emmenant des guerriers et des jeunes filles maoris afin d'y faire des démonstrations. Cette tradition a perduré depuis, même à travers les temps difficiles et malgré le gouvernement mettant des bâtons dans leurs roues, jusqu'à aujourd'hui.


Petite compilation de la Terre qui vous parle en direct de Waikite et Rotorua!


Une des merveilles de ce monde est probablement le résultat de l'activité géothermale. Ces piscines naturelles d'un bleu translucide magnifique, bouillonnant doucement ou dangeureusement à 100°C sur la surface et plus en-dessous, venant des profondeurs à des kilomètres après avoir touché le magma liquide. Les piscines de boue avec le bruit des bulles qui éclatent mollement à la surface, un son étrangement satisfaisant à l'oreille, les couleurs incroyables des différents minéraux qui refroidissent doucement, ramenés par l'eau des profondeurs de la terre à la surface... On dirait que la Terre s'exprime là, directement à vous, elle vous parle à travers le son impétueux de l'eau puissante, le son de la bulle de boue qui éclate mollement, l'énergie bouillonnante et le brouillard qui tourbillonne au hasard...

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Après cette expérience incroyable, nous retournons à vélo vers nos hôtes qui ont une petite soirée entre amis et un barbecue organisés. Nous sommes gentiment invités et passons une très belle soirée dans le jardin ? Nous dormons ensuite dans la cabane dans les arbres des enfants. Elle est juste assez grande pour y mettre un matelas double et a des airs de conte de fée tout en bois avec des petites guirlandes lumineuses. Des petits rideaux sur les fenêtres font de cette cabane une vraie petite maison miniature dans un arbre. Complètement surréel !


7 Janvier : Rotorua – Waikite Valley – 30km (+380m)

Nous quittons Rotorua via la piste cyclable bien amenagée qui longe l'autoroute. Nous quittons la grand route pour nous enfoncer dans la campagne. Quelques collines, nos premières, permettent de nous tester un peu avant d'arriver à Waikite. Le camping donne accès aux hot pools pour se baigner et à la balade pour aller voir la source de cette eau chaude délicieuse pour nos muscles.malgré le grand soleil.


La source de Waikite est une hot pool qui gronde et bouillonne de bleu translucide entourée de couleurs ocres et vertes, c'est une peinture naturelle superbe. On reste longtemps à admirer ce petit tableau vivant.


Au camping nous croisons Fabien, un musicien français qui fait le tour du monde à vélo depuis deux ans déjà avec des pauses pour aller jouer au Maroc, renflouer un peu les caisses avant de reprendre. Il est carrément mieux équipé que nous et bien plus léger ! On sympathise bien.



8 Janvier : Waikite – Wai-o-Tapu – Kerosene Creek – Wai-o-Tapu – 16km (+140m)

Le matin du départ, nous sommes tous les trois fin prêt. Fabien nous distance rapidement, la première côte est hyper pentue ! Je finis par pousser et Tom doit m'attendre. Je me fais carrément mal aux bras à pousser le vélo qui dérape gentiment sur les graviers du bord de la route. Enfin heureusement le reste de la route est une longue descente agréable jusqu'au « Thermal Wonderland » de Wai-o-tapu. 

C'est organisé un peu comme un parc d'attraction alors on est un peu inquiet surtout vu le nombre de touristes. Rendez-vous au geyser, Lady Knox, à 10h pétante. On y retrouve Fabien et on se demande comment un geyser peut-être si précisemment au rdv tous les jours. Réponse quelques minutes après, un peu de savon est versé dedans et ça démarre le geyser ! Ce fait étrange a été accidentellement découvert par des prisonniers qui travaillaient dans le bois d'à côté et venaient régulièrement voir cette source pour se laver.

Le parc géothermal en lui-même est magnifique. Je devrais arrêter d'écrire ce mot à tout bout de champs mais les qualificatifs manquent pour décrire toutes ces couleurs, ici à grande échelle, que l'on ne voit que rarement dans la nature, et qui sont d'une profondeur et d'une intensité qui semblent hors de ce monde. Il y a à la toute fin un lac acide qui est carrément vert-jaune fluo, impossible de rendre cette couleur en photo, il faudra y aller. Nous déposons nos affaires à la taverne du coin et partons légers pour Kerosene Creek, une rivière d'eau chaude. En chemin nous faisons le trail de mountain bike pour y aller, hyper sympa en pleine forêt. Mes roues ne s'y prêtent pas vraiment mais celles de Tom sont parfaites pour ça. A notre retour on se fait donc un autre trail plus haut celui-là, grade 4, la descente est plus difficile avec mon vélo qui dérape à tout va mais bon c'est quand même un super moment aussi, surtout pour une intro impromptue au mountain biking.



9 Janvier : Wai-o-tapu – Taupo – 58km (+214m)

Etape plutôt tranquille et plate. La ville est sympathique malgré ses quelques montées bien raides pour arriver au camping gratuit. Celui-ci est en bord de rivière et on apprécie un bon plongeon dans l'eau froide après une autre journée ensoleillée passée sur le vélo. 


10 Janvier : Taupo – Moturere – 38km (+256m)

Taupo est un très grand lac. On ne l'a pas particulièrement trouvé magnifique mais il a l'avantage d'avoir une voie de balade cyclable sur une bonne partie de son bord que nous suivons tranquillement. Notre carte offline, mapsme, nous envoie ensuite sur un trajet qui est barré par une barrière exigeant un permis pour passer. Nous sommes dans une zone d'exploitation forestière et plutôt que de se prendre un tronc sur la tête ou des remontrances, nous rebroussons chemin pour reprendre par la grande route. Elle monte plutôt raide mais surtout pendant un bout de temps.

Arrivés sur le plateau, nous nous arrêtons pour prendre quelques images de la vue. D'un côté, un terrain où les arbres ont été récoltés apparaît entièrement dévastés, un autre où de petits arbres ont été replantés au milieu des décombres et au fond de grands arbres qui le seront bientôt. L'immense monoculture de pins récoltée de façon industrielle crée bien sûr un certain nombre de problèmes environnementaux dont les plus spectaculaires sont les glissements de terrain qui créer des coulées de boue et de bois mort qui dévastent tout sur leur chemin car malheureusement beaucoup de ces forêts sont en NZ souvent situées sur des terrains en pente. Sur l'interminable descente, nous croisons dans l'autre sens un cycliste qui semble à bout de souffle et bien chargé aussi avec qui nous ne pouvons que compatir. Après une remontée tout en virages serrées sur une route très fréquentée, nous arrivons à notre camping où nous découvrons avec bonheur la présence d'un foodtruck qui nous permet de déjeuner agréablement.


11 Janvier : Moturere – Turangi – 20km (flat) + 13,6km of moutain bike trail

Cette journée devait être de repos mais finalement nous l'avons utilisée pour faire une petite étape afin de couper la route. Et comme en arrivant au camping, on n'avait pas eu notre content, nous avons déposé les affaires et sommes partis faire un petit trail de mountain bike, grade 2, très agréable tout le long d'une rivière. Celui-ci nous amène d'abord au centre national de la truite où nous découvrons des truites énormes ! L'eau à la bouche, nous nous poitons au comptoir et demandons si on peut en pêcher une ou en acheter. Il se trouve qu'en NZ, il faut une licence pour aller pêcher de la truite dans les rivières. Mais dans cette nursery, les adultes n'ont pas le droit de pêcher, seulement les enfants qui peuvent faire une initiation à la pêche dans une marre remplie de truites qui tournent en rond et peuvent ensuite ramener le poisson à la maison comme ça ou fumé au manuka dans les fumoirs du centre. On se regarde en se demandant si on ne pourrait pas louer un enfant à quelqu'un mais finalement on repart les mains vides !


12 Janvier : Turangi – Tongariro National Park Village – 58km (+914m)

Cette journée est mémorable par son intensité physique incroyable ! On la passe à monter. Ca commence par une pente bien raide quoique relativement courte par rapport aux suivantes qui nous coupe les jambes d'entrée de jeu. Il faut ensuite continuer sur de bonnes pentes qui n'en finissent plus. On y passe plusieurs heures à monter sous le soleil, sur les premiers plateaux de chaque côté. C'est un véritable exercice mental pour être patient et tenir l'effort à fournir. On retrouve sur un point de vue, Philippe, un suisse, qui fait le tour du monde depuis la Suisse depuis 15 mois à vélo. Il va à l'auberge du National Park Village. Bien lui en a pris parce que nous sommes dans un camping qui est à 7km du magasin le plus proche et nous n'avons rien à manger avec nous. Nous reprenons donc les vélos après cette grosse journée pour 14km supplémentaires aller-retour.


13 Janvier : Tongariro – Taumarunui – 50,1km (+101m)


Ce matin nous nous réveillons à 4:20 du matin dans notre tente, sous la pluie. Après un court débat de 10minutes sur l'utilité de se lever, on s'habille pour le trek – vêtements de pluie inclus. On se traîne jusqu'à la réception où nous nous regroupons misérablement sous un abris avec les autres randonneurs du jour pour le Tongariro. Notre chauffeur de bus nous fait monter dans le bus pour nous donner le briefin suivant : 70% de chance de pluie légère à drue et 90% de chance de visibilité nulle. Tom demande si demain la météo sera mieux. Pire, il y aura des orages. Bon bah ça c'est fait. Nous retournons nous coucher comme 80% des gens sans les quelques personnes supers motivées.


Quand nous nous réveillons finalement, on s'arrête 10km plus loin pour un petit déjeuner. Nous y rencontrons un voyageur australien avec qui nous finissons par parler pendant au moins deux heures de l'état du monde et de la nature humaine. Je lui donne mon bouquin, « Songlines », de Chatwin, sur les aborigènes en Australie, mais également sur la nature primaire nomade des hommes. C'est bien, maintenant que nous l'avons fini, qu'il retourne en Australie. Nous retrouvons ensuite un allemand, un des courageux qui étaient restés dans le bus. Nous discutons du Tongariro, c'est la deuxième année qu'il essaye de le faire, il y pleut très souvent. Il a eu quelques aperçus du lac mais pas de vue dégagée sinon. On n'a rien manqué. Nous les quittons tous les deux, avec quelques heures de retard sur notre planning mais d'autant plus heureux à propos du monde, comme on se sent toujours quand on rencontre des personnes sympas.


La route est tout en colline mais loin d'être aussi dure que celle pour monter au Tongariro. Nous arrivons juste à temps pour le début de l'averse à Tamauranui. La tente est encore mouillée de la nuit dernière et on a beaucoup de trucs trempés et nous sommes fatigués. On décide deprendre une chambre. Nous choisissons par chance un motel qui, bien qu'un peu plus cher que notre budget est quand même moins cher que les autres. Peut-être que c'est parce que nous avons des vélos et que les proprios aiment bien en faire ou peut-être qu'il est juste tard dans la journée mais ils nous font un petit prix pour une chambre hyper spacieuse et confortable avec notre propre douche et 20min dans le jaccuzi d'à côté ! Nous complétons cela avec un délicieux repas thailandais dans un restaurant et avons une soirée parfaitement reposante !


14 Janvier – 17 Janvier : Forgotten World Highway – Taumarunui – Ohura (48km +400m) – Wangamomona (59km +520m) – Purangi (33km +450m) – via Inglewood & Bell's Block – New Plymouth (60km +460m)

Notre hôte au motel de Taumarunui a bien rigolé quand on lui a dit qu'on voulait faire la forgotten world highway avec tout notre barda. On a vite compris pourquoi quoique la première journée était super sympathique malgré des averses de-ci de-là. Vous connaissez Alice aux pays des merveilles, bon elle glisse dans un trou et paf, c'est un autre monde qui s'ouvre à elle. Et bien à peine sorti de Taumarunui, en suivant la vielle ligne de chemin de fer, on plonge dans un autre monde. Les bruits de la route se font étouffés et rares, on se retrouve entouré de collines de part et d'autre, d'un vert éclatant, on ne croise plus personnes à part des moutons et des vaches. C'est bien le monde oublié. A Ohura on rencontre un couple de français à vélo aussi, ils sont un peu comme nous, à l'arrache et bien chargés, pas trop expérimentés non plus. Ils viennent de se taper plus de 100km avec des routes en gravier, ils sont vannés. On découvre nous aussi au cours des jours suivants, les routes de gravier. Après l'expérience mountain biking, je sais que mes roues ne sont pas hyper adaptées mais mon vélo tient bon et en l'absence de coup de frein arrière, se comporte très bien.  

A Wongamomona, république indépendante, on se fait voler un tendeur et klaxonner par des motards paresseux alors qu'il n'y a pas un chat à l'horizon. L'accueil n'y est pas non plus hyper chaleureux, très différent de Ohura la nuit d'avant. On repart assez grognon. Encore quelques saddles, des cols aux multiples virages qui montent bien comme il faut. Quand arrive le choix de continuer vers Stratford sur une confortable route bitumée ou de tourner à droite vers les graviers, on hésite. On choisit l'aventure des graviers malgré les jambes déjà bien éprouvées.  

C'est superbe et finalement on s'habitue à tout, même aux graviers. Enfin, jusqu'à ce que la roue de Tom soit à plat, l'arrière cette fois, on a déjà changé l'avant une fois et on n'a plus de chambres de rechange. Eh oui on avait oublié ce détail ! Je laisse Tom pousser et part de l'avant car il paraît qu'à Purangi, notre destination, il y a des gens qui ont des pièces de rechange pour vélo. Je croise sur le chemin une dame et lui demande mon chemin en lui expliquant pourquoi. Claudia décide tout de suite de nous aider et m'amène à sa ferme, elle aime faire du vélo, elle a tout ce qu'il faut. Elle voit avec Andrew son mari pour prendre le pick-up et aller chercher Tom mais finalement il arrive ayant alternativement regonflé et pédalé jusqu'ici. Elle nous laisse nous dépatouiller avec un kit de réparation de chambre à air puis nous offre une boisson fraîche et restons un peu avec eux à nous reposer. Ils nous offrent bien de rester autant qu'on veut d'ailleurs mais on voudrait avancer. En tous cas, après la mauvaise ambiance de Wongamomona, on est absolument ravi malgré la galère du vélo.  

On continu sur les graviers. Tant que ça monte, on force et ça va mais en descente, c'est bien là qu'il faut être hyper attentif alors c'est fatigant. On arrive à Purangi, un ancien village repris par un couple génial il y a une trentaine d'années. Il n'y a personne et il n'y a pas de réseau ici. Que faire ? On attend. Je fais demi-tour vers la réserve à kiwi non loin au cas où ils y sont et je tombe sur leurs voisins qui nous disent qu'ils devraient revenir le soir quand même. Tom entre dans le dortoir, qui est une ancienne école reconvertie, trouve un téléphone fixe et appelle le numéro sur le tableau noir, c'est un apiculteur qui ne sait pas trop quand ils reviendront bien entendu. Le soleil commence à descendre et on se dit que si on doit pousser jusqu'au prochain camping, il va falloir partir.  


A ce moment, Laurel et Ian arrivent ! Sauvés ! Ils sont absolument adorables et nous invitent à partager leur dîner. Ian nous raconte comment il a construit son propre bateau sur un design original inspiré des pirogues polynésiennes, son bateau ressemble à un bateau de pro en carbone et autres matières modernes et il l'a construit dans son garage ! Ils ont un grand verger et sont autonomes en eau et électricité, ce sont des kiwis depuis toujours et sont de cette région-ci qu'ils adorent. Ian nous remplace une vis perdue et nous repartons le lendemain tardivement dans la matinée après nous être bien reposés et avoir pris le thé avec eux. Pour en savoir plus sur cette auberge pas comme les autres c'est ICI.


La route est dure, les graviers sont bientôt terminées mais par contre la pente est raide et longue sous le soleil qui est bien haut dans le ciel. Au milieu de nul part, il y a un point wifi, rien d'autre, on s'arrête là pour déjeuner. On reprend et au milieu d'une côte, Tom est à nouveau à plat. On se dit que la rustine n'a pas tenue. En deux coups de cuillère à pot (enfin de leatherman en fait), on change la chambre à air, on a le coup de main maintenant. Mais ce n'était pas la chambre. Environ une trentaine de km avant d'arriver, on se rend compte que la roue de Tom est voilée en fait. Du coup elle appuie bizarrement sur le pneu qui se dégonfle en abîmant la chambre à air. On ne peut rien y faire, il faut avancer jusqu'à New Plymouth pour faire la réparation. Le problème bien sûr ne fait qu'empirer à présent, la roue danse de plus en plus. A une quinzaine de km de l'arrivée, plusieurs rayons sautent, la roue se met à toucher la chaîne. Ce n'est plus possible. Il faut pousser. C'est long, très long, surtout que nous avions commencé tard le matin et que la journée a été très chaude et les pentes longues et raides. Ca n'en finit plus de monter et descendre. On arrive absolument crevés en ville juste avant 20h.


On tente une auberge à 4km de l'autre côté de la ville. La réception est fermée, les motels autour sont hypers chers. Pour réfléchir, on se pose dans un burger et on mange. L'estomac plein on se sent déjà mieux. On croise un couple qu'on avait rencontré dans l'île du sud. Il y a un camping à 3km. On marche mais on n'a plus la foi, son vélo proteste à chaque mètre, Tom doit le porter à moitié, il n'en peut plus et moi je suis crevée aussi et toutes les réceptions de camping ou autres sont fermées à cette heure-ci. On passe devant un hôtel avec un bar qui a l'air ouvert. Je vais demander les tarifs. C'est cher mais comme il est tard on nous fait une petite ristourne, c'est quand même cher mais bon on n'en peut plus. On prend. Le bonheur de la bonne douche chaude et de la bière fraîche qui suit nous permettent de reprendre du poil de la bête. Il va falloir trouver un autre vélo.


Article réalisé pendant cette période: Purangi Cycle Inn