A Adelaïde, nous dégustons un délicieux burger (le meilleur de South Australia il paraît) et nous rencontrons Gaël, qui partagera notre trajet et notre voiture de loc jusqu'à Melbourne, lors d'une petite balade dans les hauteurs d'Adélaïde. Gaël fait son premier grand voyage et il débute fort avec un voyage d'un an entier en Australie. Il est déjà sur la fin de son année et nous raconte ses aventures. Lui aussi il fait parti des « good guys », aide-soignant et aimant son métier, il est aussi inquiet de la tournure des choses dans notre société.

 

La situation dans les maisons de retraite est bien préoccupante, il essaye à son échelle d'y amener de l'humain mais avec les horaires et les conditions c'est parfois difficile voir impossible et pourtant, il décrit le sourire ravie d'une vieille dame à qui il fait juste un petit compliment et on se rend compte qu'il ne faut pourtant pas grand chose pour améliorer le quotidien de ces personnes. On se dit que les personnes âgées sont quand même bien délaissées dans notre société « moderne développée » alors que dans les peuples premiers, ceux-ci sont chéris et respectés. Encore un truc qui doit changer.

 

On se dirige vers Kangaroo Island, mais d'abord un petit stop s'impose dans le Maclaren Vale, réputé pour son vin, où Gaël et Tom se font une petite dégustation et sélectionnent quelques bouteilles pour nos repas. Pendant nos courses, Gaël nous rappelle qu'il est possible aussi même en voyage de faire moins de déchets, pas de légumes en sachet par exemple, on retient et plusieurs semaines plus tard, je me rappelle ses conseils chaque fois que nous faisons les courses, c'est juste une habitude à prendre. Cette première soirée, on la passe dans un petit camping pas cher, à côté d'un village très étrange, aux maisons relativement propres, mais entièrement vides. Le temps n'est pas au beau fixe et demain nous allons sur l'île. On s'endort bercé par les vagues à deux pas de nos tentes. Le ferry nous transporte le lendemain dans une jolie petite île.

 

Nous allons d'abord vers un bout de l'île, on a de la chance, il ne pleut pas avant le soir. Nous croisons un koala sur le bord de la route, il est blessé et ne peut plus bouger, il est tout effrayé par ces touristes qui le prennent en photo. Il n'y a pas de réseau et nous ne pouvons pas appeler de secours pour lui. Les autres touristes s'en foutent royalement et repartent sans un regard pour l'animal immortalisé dans leurs photos. Nous croisons heureusement un sanctuaire d'animaux à seulement 1,3km de là, nous nous précipitons à l'intérieur et expliquons où se trouve le koala. Quelques semaines plus tard je leur écris sur leur page facebook pour demander des nouvelles, il est sain et sauf !

 

En arrivant au centre pour les visiteurs du parc, fermé car il est trop tard et donc impossible de payer notre camping, nous constatons que les arbres du parking sont remplis de koalas. C'est un plaisir de voir leurs petites bouilles endormies, ou leurs petits yeux curieux qui nous regardent. Il paraît que l'eucalyptus est un psychotrope puissant, et eux ils en consomment à longueur de journée, je me demande ce qu'ils voient quand ils nous regardent. On croise aussi des petits kangourous. Apparemment, les kangourous de cette île se sont adaptés et sont plus petits et plus costauds aussi. Finalement on trouve un camping sympa, et malgré la pluie on passe une nuit plutôt confortable (d'autant qu'on a récupé à Melbourne des tapis de sol que nous avions commandé, super light et bien conforts).

 

Le lendemain par contre c'est la cata, il tombe des trombes d'eau. On oublie la petite rando mais on va quand même voir entre deux éclaircies quelques endroits incontournables. On admire les lions de mer qui se fichent bien de la pluie eux puis on se fait complètement avoir sur des grosses pierres qui ressemblent à la côte de granite rose quand un nuage sournois décide soudainement de déverser des tonnes d'eau à notre endroit. Trempés jusqu'aux os, nous retournons rapidement à un camping nous changer dans des affaires sèches. Après un aller-retour un peu stressant pour aller chercher le drone oublié dans la cuisine la veille, nous repartons sereins vers l'autre côte de l'île, où nous visiterons, faute d’accalmie, le bar du coin.

 

Nous repartons le lendemain et passons par Robe. On nous l'a conseillé pour sa brasserie locale. Effectivement, après avoir fait la dégustation de la quinzaine de bières présentées et révisé les différences entre blonde, brune, IPA, Ale, Lagger,...etc, nous repartons joyeusement sur la route. Pour prendre le temps de visiter la great ocean road, nous essayons de pousser au plus loin mais le temps se met au gris à nouveau, puis à la pluie.

 

On hésite, on avance puis on recule un peu, nous roulons à la pire période de la journée, celle où tous les animaux semblent vouloir traverser les routes que nous parcourons. Pas de gros dégâts à part un oiseau qui se jette sous les rous mais on croise quand même pas mal de kangourous qui attendent que nous soyons bien proches pour sauter sur le bitume, une énorme biche qui déboule à notre gauche dans la nuit noire, des lapins et un échidné pas trop pressé. Les nerfs de Tom sont mises à rude épreuve. Nous dînons dans une aire de picnic dans un village illuminé des néons un peu glauques des motels. Après avoir brièvement envisagé de poser la tente là ou de dormir dans la voiture, nous retournons au camping du parc national, nous posons la tente. Il pleut dans la nuit. La tente de Gaël n'étant pas top, il finit sa nuit dans la voiture. Notre tente est petite mais étanche, on dort correctement.

 

Quand nous arrivons enfin sur la Great Ocean Road, le temps est très variable. Nous avons croisé la veille à l'auberge, un malaysien orthodoxe (rare!) qui nous explique un peu comment son pays est organisé, c'est fascinant ! 9 états dont 7 royaumes je crois et deux républiques, une royauté constitutionnelle pour chapeauter le tout et une cohabitation plus ou moins réussie de multiples religions. Ce pays est construit à partir de multiples origines éthniques et de cultures très différentes, il apparaît complexe et riche à la fois. Ah le monde d'aujourd'hui n'est pas si standard qu'on le croit quand on arrête de se regarder le nombril, les solutions du vivre ensemble sont différentes partout et ont chacune leurs avantages et inconvénients.

 

Nous faisons le circuit de la Great Ocean Road, de magnifiques roches détachées du rivage se dressent majestueusement au milieu des vagues, l'orange de l'ocre des roches se détache violemment du bleu-gris des vagues et quand un rayon doré perce les nuages pour illuminer le tout, nous sommes servis.

 

Nous terminons la route sur Torquay, une station de surfers où nous profitons de bonnes bières et d'une bonne nuit de sommeil avant le retour à Melbourne. Gaël nous quitte là pour poursuivre ses aventures en Tasmanie, c'était un super compagnon de route et une belle personne qu'on espère bien revoir sur le chemin ou de retour au bercail.