On retrouve l'ambiance ensoleillée et détendue de Montréal en été, il fait bon, les terrasses et les petits restaurants de la ville sont remplis. On profite encore du quartier de Mont Royal et des spectacles de la ville.

De retour à Montréal, nous allons chez Manuel, un hôte couchsurfer qui a gentiment accepté de nous prêter une chambre à Longueil dans la banlieue de Montréal. Il travaille en tant que paysagiste et a un fort intérêt pour l’agriculture propre et aussi bien manger et faire des aliments et des boissons soi-même. Nous nous entendons bien. Il est propriétaire de la maison entière qui est séparée en plusieurs appartements et se demande toujours ce qu’il peut faire avec, essayant de penser hors du cadre classique à des façons de vivre une bonne vie avec une communauté de gens sympathiques. Une vraie bonne personne.

Pendant que nous sommes chez lui, nous cherchons une voiture. Celles que nous voyons chez les vendeurs sont tellement rouillées que même le vendeur nous dit qu’elles n’arriveront pas à traverser le Canada dans cet état, tout ca pour près de 4000 dollars à chaque fois. Finalement, en répondant à une annonce sur facebook, nous en trouvons une, moins cher et qui a l'air en meilleur état que ce qu'on a vu jusque là. Démarre alors une petite aventure pour retirer assez d’argent en cash pour payer que nous n’avions pas du tout planifier bien sûr et parce qu’on n’arrive pas à faire marcher la carte de crédit de Thomas. Finalement, tout finit par s’arranger et nous retournons chez Manuel avec une vieille Dodge Caravan qui est suffisamment longue pour y mettre un lit et dormir dedans, notre nouvelle maison.

Avant d’aller à la ferme des Quatre-Temps, la ferme de Jean-Martin Fortier, auteur du livre “Le Jardinier Maraîcher” et une référence pour la méthode bio-intensive qui est tout à fait adaptée à une ferme de petite échelle, nous avons quelques jours devant nous et décidons d’aller explorer un peu l’agriculture urbaine grâce à Mylène, une amie de Thomas qui a quitté l’industrie du cinéma pour devenir une jardinière et une animatrice sociale dans différentes organisations. Nous nous retrouvons au GRAME (voir ici) un ancien supermarché transformé en ruche abritant diverses organisations qui font de bonnes choses dans ce quartier de la banlieue proche de Montréal. Retrouvez ICI  un article sur son travail. Je passe un super moment à planter divers arbres fruitiers le long du trottoir.

En visitant ce bâtiment et rencontrant Mylène ainsi que plusieurs personnes là, nous avons la sensation que le Québec a les solutions pour améliorer la qualité de vie en ville mais aussi à la campagne ainsi que pour diminuer leur impact sur la nature et ils les mettent en place. Ce n’est pas parfait bien sûr et ca ne va pas tout résoudre demain mais il font quelque chose alors qu’en contraste, on a la sensation qu’en France on parle beaucoup de ces solutions, à débattre laquelle sera la plus efficace, en se battant sur des détails mais finalement sans vraiment commencer à agir concrètement.

Nous quittons les bons soins de Manuel et nous aventurons un peu hors de Montréal et commençons à nous équiper pour vivre dans la voiture. Nous achetons un double-feu de camping d'occasion bien vintage mais qui marche super! Comme nous n’avons pas encore de lit dans la voiture, nous dormons dans un airbnb à la Pointe Saint-Claire qui a un air de petit village dans la campagne le long de la superbe rivière Saint-Laurent. La dame retraitée qui habite là est en fait une horticultrice et pratique le “non labour”. On dirait que partout où nous allons nous nous retrouvons à rencontrer des personnes qui d’une façon ou d’une autre cultivent des plantes ou recherchent une meilleure vie moins chaotique. Intérressant.

Pour arriver à cet endroit, nous passons par l’ïle Bizard qui est une île entièrement verte juste à côté de la ville où nous découvrons deux projets intéressants. Le Verger du Bord du Lac est un verger impressionnant de vigueur et de diversité, lisez en plus sur cet endroit magnifique et son propriétaire très calé et dynamique ICI et sur le projet PACE qui vise à devenir un centre de permaculture en commençant son exploration par les animaux ICI.

Montréal et ses environs nous apparaissent soudainement remplis de gens actifs qui veulent changer la société et la vie urbaine en un endroit plus rythmé sur la nature avec une empreinte plus légère et une qualité de vie plus élevée. C’est chouette de retrouver notre chemin vers le projet des Alterculteurs après avoir été des touristes pendant deux semaines et à travers la rencontre de tellement de personnes motivées et talentueuses. C’est inspirant.

Avant de commencer, nous avons encore quelques jours que nous décidons d’utiliser pour aller au Festival de la Fermentation en Ontario. La fermentation est une façon tellement naturelle de transformer de bons ingrédients en une nourriture extrêmement bonne pour la santé tout en y développant des goûts incroyables. Thomas est devenu un aficionado de tout ce qui concerne ce procédé en commmençant par le vin jusqu’aux fromages et en passant par le kéfir, le kombucha, le sauerkraut, les pickles et la liste ne fait que s’allonger. C’est donc un endroit parfaire pout passer un dimanche ensoleillé avant d’aller retrouver notre volontariat.

A ce festival, nous goûtons un délicieux kombucha pas du tout aussi acide que nous avons l’habitude en France mais plutôt sucré et agréablement pétillant. Le Kombucha qui gagne la compétition du festival est un kombucha vert fait à partir de choux kale, de concombre, de persil, appelé Green Glow par Vox Kombucha qui développe un goût surprenamment sucré et doux, c’est absolument fantastique! Nous goûtons aussi des sauces piquantes fermentées qui nous mettent le feu à la bouche qui sont délicieuses une fois que nos papilles récupèrent de la vague de flammes. Thomas est aussi content de rencontrer sa star de la fermentation, Sandor Katz. Son livre découvert au Costa Rica durant son premier cours sur le kéfir l’a guidé depuis à travers son exploration du monde de la fermentation donc c’est une moment très excitant !

C’est avec beaucoup d’enthousiasme et un poil d’appréhension nerveuse que nous arrivons à la ferme des Quatre-Temps de Jean-Martin Fortier. Durant ma formation en maraîchage bio en France, on nous a montré en cours une vidéo sur Jean-Martin expliquant le système maraîcher de sa première ferme, La Grelinette (ICI ), JM est donc une célébrité dans le maraîchage bio jusqu’en France. Nous ne pouvions donc pas passer au Québec sans le rencontrer !  



Grâce à Jodi, de la Roebuck Farm en Nouvelle-Zélande (ICI), qui pratique le maraîchage bio-intensif suite à des ateliers réalisés par JM et Curtis Stone (the Urban Farmer) nous obtenons une première introduction. Par la suite, c’est Thierry de la ferme Vaihuti Fresh (ICI) qui nous met en contact également car il pratique aussi cette méthode. Point rigolo à noter, il semblerait que tous trois pratiquent le surf, c’est presqu’autant une connexion « market garden » qu’un amour de la vague on dirait !

C’est ainsi que JM, après nous avoir prévenu que ce n’était pas un camp de vacances et qu’il allait falloir bien bosser, accepte de nous recevoir sur la Ferme des Quatre-Temps (ICI).

On arrive l’avant-veille de nos débuts afin de nous installer. On est déjà émerveillé, nous serons logés dans une des deux maisons des employés. C’est une grande et belle maison ! Nous avons une chambre super confortable ! On se dit qu’on va être bien ici pendant un mois et je me réjouis d’avance de retrouver un quotidien agréable entre maraîchage et bons petits plats – il y a une belle cuisine aussi ! 

Nous rencontrons rapidement Josiane qui habite aussi la maison, j’étais en contact avec elle avant pour organiser notre arrivée, elle est adorable et hyper joyeuse, on est vraiment ravi. Le lundi matin, on découvre toute « la gang » au point matinal. Il faut être à l’heure et cette petite réunion est vraiment efficace, nous sommes immédiatement intégrés à l’équipe. On découvre l’équipe durant notre temps à la ferme, c’est vraiment une très chouette équipe et il y aurait tellement de belles choses à dire sur chacun. 

Le travail lui est intense, comme j’aime. Thomas fait l’effort et tient le coup malgré des débuts très courbaturés et le fait que le maraîchage n’est pas sa vocation. Il faut dire que travailler avec des gens sympathiques aide vraiment à rester motiver et faire passer le temps lors de tâches plus répétitives. On récolte, on désherbe à la main, à la houe, on prépare des planches à la grelinette ou au BCS, on déplace des bâches (ça c’est lourd ! ), on transplante et on séme, on lave et on prépare la récolte pour le marché, on charge le camion, on fait même un marché. On passe sur la plupart des postes et on apprend des membres de l’équipe chaque jour, on découvre la gestion du travail d’équipe avec ses réunions régulières et efficaces pour identifier ce qu’il y a à faire et distribuer les tâches, ses moments en commun pour déjeuner et se détendre. L’équipe pratique le « rose, épine, bourgeon » , un exercice hebdomadaire obligatoire qui est bloqué dans l’agenda pour organiser un espace pour exprimer ses émotions et ses pensés, c’est une véritable soupape et aussi un bon moment pour chacun des membres de l’équipe de se reconnecter aux autres afin de conserver une belle dynamique à travers chaque semaine. On vous laisse lire l’article sur la ferme ICI si vous souhaitez en apprendre plus sur son fonctionnement.

Le marché est un de nos meilleurs souvenirs de travail, déjà on avait une fine équipe donc le temps est passé très vite et on a adoré l’enthousiasme des clients et les échanges. Je dois dire que personnellement plus que l’échange – que Thomas a préféré et il avait l’air de l’avoir fait toute sa vie d’ailleurs – j’ai préféré le côté « petite marchande » , un reste des jeux de la petite enfance sans doute. Je pense qu'on aura pas trop l'occasion de revendre pour près de 10 000 euros en une journée, ils cartonnent et ca n'arrête pas, impressionnant !


En dehors du travail, il y a des soirées super sympas, la découverte de nos colocs, qui en sus de Josiane avec qui nous partageont beaucoup de chouettes moments notamment un amour certain pour le bon vin ,sont Catherine et Léandre, deux personnes brillantes et excellents maraîchers et des soirées à l’autre maison où vit tout le reste de la gang. Une compétition de spike ball, un jeu délirant de « petits papier », une soirée mémorable (enfin pour ceux qui s’en rappellent), des moments qui se gravent dans notre mémoire et participent à ce sentiment de « foyer » que nous avons lorsque nous sommes bien accueillis et intégrés, un sentiment d’autant plus agréable qu’il nous manque lorsque nous sommes sur la route trop longtemps. On découvre aussi un super jeu, nous fans du molki, on s'est régalé avec cette nouveauté, le spike ball !


Durant les temps libres on court partout pour équiper la voiture. Alors que nous sommes vraiment crevés par cette première semaine, on s’épuise tellement qu’on finit par rentrer l’esprit vidé mais pas sans quelques trouvailles dénichés dans les magasins d’occasion. On finira par acheter un matelas en mousse à la taille exacte de la largeur de la voiture chez Canadian Tire car aucun autre matelas ne faisait l’affaire. Après cela il n’y a plus qu’à transformer la voiture. Je couds puis j’installe des rideaux sur la moitié avant, Thomas installe des cartons sur la partie arrière. Grâce aux outils de la ferme, je démonte la banquette pour la ranger bien serrée afin qu’elle n’occupe que peu d’espace. A présent, quand nous fermons, nous avons une petite chambre toute mignonne bien que basse de plafond. La voiture est prête ! D’autant plus que nous l’avons déposé la première semaine au garagiste du coin, très sympathique, qui procédant à la vérification a cassé un cardan complètement rouillé, responsable d’un tremblement inquiétant dans la direction, il nous l’a remplacé et en prime, avec des pneus qu’il avait en rab, il a changé les nôtres étaient bien usés. Good to go !

Nous passons un de nos weekend à l’ES-Cargo , un earthship au nord ouest de Montréal, pour aller découvrir ce type de construction pas banal. Découvrez notre article ICI. C’est encore un chouette weekend et une invitation à se rappeler que la vie vaut également la peine d’être vécue à un rythme tranquille et agréable pour l’esprit et le corps.



Enfin durant notre dernière semaine, nous avons la chance de passer une journée à la première ferme de JM, tenue par Maud-Hélène sa femme. Nous y passons une super journée, l’équipe est formidablement sympathique et le travail sur une petite ferme de moins de 1ha, est hyper agréable. Découvrez notre article sur La Grelinette ICI.


On mange bien, nos corps s'adaptent et le travail est éprouvant mais passionnant. Le soir, on est couché et endormi à 21h grand max, c’est un rythme super sain tandis que nos corps se renforcent.

Thomas a la chance de travailler quelquefois au labo avec Chris et Jean Simon, spécialistes de la charcuterie !

C’est avec beaucoup de reconnaissance pour JM et une grosse envie de revoir tout ce petit monde un jour, sur notre ferme ou ailleurs, que nous quittons cette superbe entreprise qu’est la Ferme des Quatre-Temps.

On retrouve Simon qui est à Montréal entrain de visiter des cousins. Simon est un ami de longue date, ca fait bientôt 15 ans qu’on se connaît. C’est une belle suprise innattendue et nous passons notre déjeuner à débattre du rôle de l’État et qui est responsable du bonheur. Il est en passe de lancer une nouvelle entreprise avec des amis liée à l’empreinte carbone, Carbo (ICI) afin de sensibiliser les gens à leur consommation. Nous avons des intérêts communs donc et pourtant des choix et des façons de vivre très différentes, c’est fascinant.

On aura aussi beaucoup aimé vivre « en région » comme on dit au Québec pour la campagne. La vie y était agréable, les gens sympathiques, des petits restaux bien cools, des fermes et des petits magasins de village et même un garagiste super cool qui nous aura bien aidé en plus de nous faire découvrir son délicieux sirop d’érable.

Direction notre prochain volontariat !