Nous arrivons assez tardivement à Toronto mais passons une super soirée chez Jenn et Jean-Sé et leur petite fille adorable Ella, d’autant qu’ils sont tous les deux fin cuisiniers et entre gens qui aiment la bonne chaire, c’est toujours un bon moment. On a hâte de les retrouver après une petite excursion en Ontario !

Dès qu’on a quitté le Québec on retrouve la langue anglaise, après un mois et demi en français, ça nous demande une minute d’adaptation mais on retrouve naturellement le flot rapidement. Notre premier stop sera Orchard Hill Farm. Une ferme comme on en rêve, découvrez en plus ICI sur ce bel endroit en traction animale. On a un peu d’apréhension avant d’arriver parce que les échanges ont été assez succints alors on ne sait pas trop à quoi s’attendre mais j’avais vraiment envie qu’on voit ce que peut donner une ferme en traction animale.  

C’est une vraie bonne suprise de réaliser à quel point c’est réalisable ! La première journée Ken nous accueille et nous emmène directement voir les chevaux, on discute tout en nourrissant puis en harnachant deux chevaux. Il nous emmène sur le champs adjacent pour retourner du foin et former des andains. Je l’aide à harnarcher et je monte avec lui et il me donne même les rênes pour diriger un peu l’équipe ! Quel plaisir ! Et j’en apprends en même temps énormément sur la culture des céréales, les rotations et les étapes, c’est fascinant, je prends des notes à tout allure pour essayer de ne rien perdre tout en essayant d’imprimer toutes ces informations dans mon cerveau le plus durablement possible. C’est notre premier contact avec un paysan bio en grandes cultures, jusque là nous n’avons vu que des maraîchers, qui faisaient aussi parfois du fruit ou des animaux mais les grandes cultures sont un petit mystère.  

Nous allons ensuite aider un peu sa fille et Marta sa femme à la récolte pour le marché car il y a une partie maraîchage également. C’est un bon moment passé aussi avec l’équipe à discuter des affaires de la ferme. Nous sommes ensuite invités à dîner et dormir chez Marta et Ken qui ont déménagé de la maison principale laissée à leur fille et sa famille pour habiter dans une petite maison voisine sur le même terrain, entièrement construite avec du bois issue de la forêt voisine. C’est un vrai havre de paix confortable et accueillant. La cuisine est délicieuse et nous avons de belles conversations. Nous découvrons le jardin de Marta et son passe-temps par la même occasion, la culture de plantes permettant de créer des teintures naturelles et ses créations de tissage réalisées en hiver lorsque le rythme de la ferme le permet. Elle crée notamment un bleu indigo magnifique dans un petit atelier.  

Le lendemain, nous rejoignons Ken qui me laisse, sous sa direction rapprochée, harnacher les chevaux, attacher les outils, les conduire aux champs et retourner le foin ! Je suis aux anges, bien qu’un peu nerveuse à vouloir bien faire, tout se passe bien et ca rend encore plus réel la possibilité de travailler avec des chevaux à la ferme. C’est une sensation tellement agréable et les chevaux sont tellement adorables. Comme Ken le dit, les tracteurs eux ne se reproduisent pas et ne donnent pas de fumier pour faire pousser les légumes. C’est une vraie solution d’avenir ! Après ça, Ken nous emmène visiter la communauté amish du coin qui est à la pointe en ce qui concerne le développement d’outils pour la traction animale, on va voir un fabricant d’outils et on en découvre en même temps un peu sur cette culture très différente de ce dont on a l’habitude.


1...2...3... Action!



Thomas et moi sommes convaincus en repartant que si nous trouvons assez de terre pour faire des céréales alors l’aventure se fera avec des chevaux. C’est un vrai tournant décisif dans notre projet car si j’avais envisagé l’option avant, ni l’un ni l’autre n’étions vraiment convaincus de la faisabilité et je l’avais repoussé à l’année 5 de notre plan vu la moue dubitative de mes formateurs lors de mon certificat de spécialisation en maraîchage à Rennes. Quand on voit les choses en vrai, on réalise beaucoup plus facilement si on en est capable, si on en a envie et si on est prêt à engager les finances et les efforts nécessaires. C’est la beauté du woofing notamment et nous serions bien restés là plus longtemps pour en apprendre plus !

Toutefois, nous ne restons que deux jours car il faut bien avancer dans notre voyage et nous allons voir les chutes du Niagara. Thomas les a déjà vu mais il faut bien que j’y passe aussi. On en profite pour visiter un peu le coin et réaliser que c’est aussi une jolie région viticole donc on fait quelques dégustations bien sûr. Ce sont des moments assez agréables et relaxants, surtout que nous sommes dans un état d’esprit ultra positif ! Les chutes sont grandioses mais l’endroit est tellement touristique qu’elles ont tout de même peu de charme. On n’y reste pas très longtemps. On en profite aussi pour faire un tour dans le village de Niagara by the lake, typique de la colonisation britannique.

Le lendemain on rentre sur Toronto pour passer un peu de temps avec Jenn et Jean-Sé, les amis de Thomas. On arrive bien tardivement, le trafic est terrible. Ca y est après près de trois mois dans la campagne, nous sommes de retour en ville clairement. Toutefois la ville est tout à fait supportable en bonne compagnie et nous passons de très bons moments. Il y a cette soirée bbq avec un grand feu au bord du lac Ontario avec leurs amis comme une bulle de liberté un peu sauvage dans un univers urbain autrement polissé et le picnic improvisé au bord de l’eau en bas de leur immeuble, de délicieux cookies dans une petite boutique lors de notre petit tour dans la ville et un marché fermier tellement bondé qu’on se demande pourquoi un hall plus grand n’y est pas dédié et pourquoi il n’y a pas plus de producteurs, surtout en bio !, et moins de revendeurs. Jean-Sé montre à Thomas comment il fait ses rillettes légendaires et on a le plaisir d’en déguster un pot à l’apéro, c’est délicieux ! Voir ci dessous comment les faire !


Finalement après avoir dit aurevoir et un passage éclair dans un garage pour un changement d’huile, on quitte Toronto pour entamer notre grande traversée de la côte Est à la côte Ouest !


On commence par un passage donc dans l’arrière pays de l’Ontario. Nous visitons notamment une « ferme » très particulière grâce à Nicole, de la ferme des Quatre-Temps, qui nous a gentiment mis en contact, Eigensinn Farm, à découvrir ici. Michael et Nobuyo sont supers accueillants, nous sommes invités à dîner (et quel dîner ! c’est absolument délicieux ! On mange bien à la table d’un grand chef gastronomique dis donc!!) et nous dormons sur la ferme. C’est un endroit magique, rendu magique par la créativité de ses habitants, on est sous le charme.  


Le lendemain nous continuons notre chemin vers Bruce Peninsula. On fait une pause à Bridal Veil Falls où on découvre le spectacle macabre de saumons morts dans la rivière. Certains sont vivants comme coincés au pied de la cascade. On ne sait pas si c’est le résultat de la migration naturelle ou si c’est dû à l’action humaine. Nous dormons à côté de Clear Lake.


Le lendemain, sur le chemin, nous entendons un babyboomer à la radio qui se plaint d’être une génération oubliée ( ??!! on entend vraiment n’importe quoi à la radio) par les politiques et n’arrête pas de crier « Boom the vote ». Il est tellement ému qu’il finit par en pleurer et le présentateur a du mal à s’en dépêtrer, ça nous fait bien rigoler. « Boom the vote ! ». C’est une période d’élection au Canada alors il y a beaucoup de débats entre les différents candidats, c’est intéressant de les entendre même si le format des débats ne laisse pas beaucoup de place au débat d’idées proprement dit. Nous croisons un motel avec une petite citation devant son entrée « If opportunity doesn’t knock, build a door ». C’est à la fois profond et montre la limite des métaphores, je me dis.

On dort dans un camping à Pukaskwa park, un magnifique parc sur le bord du lac supérieur, les installations sont superbes et les balades dans la forêt en bord de lac époustouflantes. On aurait envie de prendre un kayak et de rester quelques jours. La température est toujours en descente, l’été est bien fini, c’est la place à l’automne.

La nuit suivante nous dormons sur une aire d’autoroute, profitons d'un joli coucher de soleil (les joies du road trip) et arrivons bientôt au Manitoba et la grande ville de Winnipeg.