Avant d’arriver à notre volontariat suivant, nous décidons de nous rendre au festival « Bières et Saveurs » de Chambly, non loin de Montréal. On gare la voiture dans un endroit tranquille, c’est quand même bien sympa d’aller à un évènement de ce genre et de pouvoir y dormir à deux pas !



La bière artisanale et avec elle, les micro-brasseries ont fleuri dans tout le Québec depuis une dizaine d’années. Il y a plusieurs dizaines de brasseurs sur place et plein de gens souriants qui profitent des scènes musicales sous le soleil couchant. C’est un moment très agréable. On y assiste à un concert des « Chiens de Ruelle » très entraînant sur fond de critique intelligente de la société. Après avoir dégusté plusieurs bières, certaines très réussies et d’autres carrément imbuvables (il y a de tout!), on retourne à notre van pour une première nuit en mode furtif urbain ! Ca se passe très bien !

le pays des micro brasseries, plus de 3350 bières à déguster, ca fait beaucoup hein ?


Le lendemain nous retournons voir Manuel, c’est sympa de le revoir. Un peu comme en Polynésie Française, on avait eu nos rendez-vous réguliers avec Sylvain, nous avons revu Manuel plusieurs fois à la suite de notre rencontre. Le fait de se revoir plusieurs fois, juste pour le plaisir d’échanger et de profiter de sa compagnie, c’est comme si on avait construit une vie pendant ce mois passé dans cette région. Je crois qu’on apprécie d’autant plus les petits plaisirs de la sédentarisation qu’on en est privé le reste du temps lorsque nous voyageons. Voir ses amis, avoir ses petits adresses, avoir du temps pour explorer un quartier, faire de petits actes de la vie quotidienne comme faire ses courses au même endroit et y croiser des gens qu’on reconnaît… tout ça participe à ce sentiment de faire partie, de poser ses valises et pour un temps, de s’enraciner. Avant de reprendre la route, on en profite pour aller voir le musée de la biodiversité, certes le batiment est impressionant mais la visite est quelque peu déprimante, quasiment outes les solutions données sont scientifiques et loin d'être naturelles...


Nous prenons donc la route vers l’Ecoumène. Après avoir passé tant de temps en ayant de l’espace dans une vraie maison et sur des activités différentes au milieu d’autres gens, se retrouver collés dans l’espace exigu de notre voiture à deux non stop semble demander quelques ajustements pour retrouver l’harmonie du voyage. La fatigue n’aide pas non plus bien sûr. Mais bientôt il faut mettre nos différents de côté pour arriver aux Jardins de l’Ecoumène, lieu de notre volontariat suivant. Pour en apprendre plus sur cet endroit merveilleux, c’est ICI. Nous sommes chaleureusement accueillis par JF, Guylaine et leur fils Félix. On est encore super bien logés et on démarre tout de suite tout un tas de discussions passionnantes avec eux. Un des sujets c’est bien sûr le sauvetage des semences anciennes et libres car les Jardins de L’Ecoumène sont une entreprise de semences et reproduisent beaucoup de ces semences préservant ainsi la diversité du patrimoine potager pour les générations à venir. Une vraie belle mission !  

Le travail au champs est agréable et très différent de celui du maraîchage. Les membres de l’équipe sont assez autonomes et on accompagne les uns et les autres dans leurs activités. J’adore l’extraction sèche avec Myriam, c’est une activité douce et belle avec toutes ces fleurs fanées et séchées dont il faut récupérer les graines. Quand vient l’extraction humide des graines de melon, c’est disons moins propre car les melons sont bien plus qu’à maturité voir carrément pourris mais c’est fun aussi, un peu comme faire de la cuisine finalement sans avoir à faire attention d’en mettre partout, on tranche des melons à gogo et on recupère les graines, les poules récupèrent le reste.  

Le lendemain de notre arrivée, c’est en fait un jour férié alors après un peu de désherbage Guylaine nous emmène passer l’après-midi à Saint-Damien, le village d’à côté pour une « épluchette de blé d’inde ». Traduire un après-midi super sympa dans une des maisons du village à manger tout un tas de choses délicieuses préparées par tous les gens du village et entre autres, pour célébrer la récolte, du maïs cuit dans de l’eau et qu’on frotte ensuite sur du beurre pour le déguster avec du sel, c’est fabuleux ! Cette maison appartient à Céline et Rémi qui partagent leur passion de la teinture naturelle et traditionnelle ainsi que du tissage. D’autres gens du coin qui partagent cette passion sont venus présenter leur artisanat et leur façon de faire. J’apprends à filer de la laine (de poils de chien ! ), on découvre des machines à tisser des bas du début des années 1900, on regarde les formes magnifiques émergées des ceintures tissées traditionnelles du Québec, on assiste à la teinture jaune de pelote de laine. On visite le beau jardin potager de Céline. On part faire un tour chez Geneviève et Mathieu, potiers du village, qui fabriquent de magnifiques pièces de poterie. Catherine nous parle de son gîte qui ouvre à l’autre bout du village. On a les yeux écarquillés et des rêves plein la tête de trouver un village comme celui-là pour participer au renouveau merveilleux de l’artisanat, car ce sont des gens heureux et plein de sourires et animés d’une grande envie de partager leur passion, le genre que tu adorerais avoir pour voisins et amis !

Tom travaille aussi à créer une vidéo promotionnelle pour les Jardins et visite ainsi tous les postes de travail de cette petite entreprise familiale. Dans la région, on dirait que la vie est assez douce. Tout n’est pas rose bien sûr mais il y a des coops, des gens qui veulent vivre des vies simples et agréables, créatives aussi, des gens qui veulent faire les choses par eux-mêmes aussi, une bien belle région inspirée sûrement par les différentes personnes qui s’y sont installées et qui par leur artisanat dynamise ce sentiment. Retrouvez la vidéo des Jardins faites par Tom ci-dessous:



Nous quittons les bons soins de Guylaine et JF et retrouvons sur le chemin de Montréal, Anna ! Anna qui est une amie depuis l’école d’ingé et qui est maintenant chercheuse au centre de recherche de l'université de Montpellier sur la relation entre les abeilles et le bois mais aussi apicultrice elle-même en déplacement au Québec pour des conférences sur le sujet.


Retrouvez ci-dessous deux vidéos qu'on avait faites avec elle quand on était passé la voir en France avant de partir:

et


C’est vraiment un super moment de retrouvailles. Une vraie respiration de retrouver une amie de longue date. Le Québec pour moi est une vraie période de retrouvailles, entre Adrien et Candice, ma mère, Simon et Anna, je suis vraiment servie et heureuse, ces respirations amicales et familiales sont tellement nécessaires pour conserver l’envie de voyager et continuer à explorer sans avoir l’impression de déliter ces liens.


Nous dormons sur la route et le lendemain retrouvons dans un petit village de Haute-Mauricie, Alain et Renée pour une autre semaine de volontariat sur un sujet totalement différent et inconnu pour nous, le travail du bois. Avant de partir en voyage, on avait l’idée que la forêt du Canada étant tellement immense, il devait y avoir dans ce pays des gens hyper calés dans le travail du bois et n’y connaissant rien, on se disait que ça pourrait être utile sur une ferme d’avoir au moins les rudiments. En cherchant des possibilités sur internet nous sommes donc tombés sur Le Gosseux d’Bois, Alain, et sa chaîne Youtube ici.  



Nous lui avons écrit un petit message au cas où et finalement nous voilà plusieurs mois, voir un an plus tard, sur le parking d’un village paumé en Haute-Mauricie à transférer nos affaires dans leur truck pour aller 2h30 plus loin dans la forêt, loin des routes bitumées, pour passer une semaine dans leur châlet avec eux et construire des fenêtres. Retrouvez ici un petit résumé de ce qu’on a appris pendant cette semaine.  

C’est une semaine hors de l’ordinaire et la sensation d’être dans un autre monde, totalement déconnecté au bord d’un lac, dans l’ombre des grands arbres en passant nos journées à utiliser des ciseaux à bois, des rabotteuses et autres outils que nous découvrons un à un est complétement nouvelle ! En tous cas le travail du bois, particulièrement du cédre qui sent si bon, est vraiment un artisanat qu’on a adoré. Au sortir de cette semaine, on se voit déjà construire tous nos meubles pour la ferme et les chambres d’hôte ! On discuter aussi bien sûr pas mal avec Renée et Alain et on passe des soirées agréables malgré l’exiguité du châlet. On part en balade aussi dans la fôret et on ramasse des myrtilles sauvages délicieuses, Into the Wild nous vient régulièrement à l’esprit. Cette parenthèse se termine bientôt et les fenêtres sont bientôt prêtes mais pas tout à fait, il y a tellement d’étapes mais le résultat est très chouette, à nos yeux en tous cas !



Nous retournons une dernière fois à Montréal car j’ai un cours de brassage et Thomas est inscrit à un atelier sur la fermentation. Thomas découvre des idées de recettes, ce qui plaît en restauration et ce qu’on peut mettre en pots. C’est un chef qui présente et c’est super intéressant. Lorsque je retrouve Thomas, il est très enthousiaste et on décide d’aller manger au restaurant de ce chef et découvrir avec nos palais les résultats de ce cours au restaurant Poincaré à Chinatown. C’est délicieux, notamment les frites fermentées ! De mon côté, c’est mon premier cours sur le sujet même si j’avais déjà brassé en autodidacte avant. C’est très intéressant et me conforte dans l’idée de faire de la bière à notre ferme et clarifie les équipements dont nous aurons besoin pour le faire à toute petite échelle. La formation est donnée par Labaq par un passionné, c’est vraiment agréable à écouter. On découvre aussi l’histoire de la bière non moins passionnante ainsi que tout un tas de trucs impossibles à résumer sur l’univers de la bière. Une belle journée d’apprentissage pour nous deux sur la fermentation qui termine en beauté dans ce délicieux restaurant !

Après deux mois et demi dans cette magnifique région du monde tant pour ses paysages que pour ses adorables habitants ! Pour se consoler nous passons chez Patrick Patissier avant de quitter Montréal, un pâtissier conseillé par Josiane qui nous en ramenait parfois à la ferme et à la maison et par lequel on a été ébloui à chaque fois. Un vrai délice qui panse un peu la douleur de quitter cette si belle région !

Nous dormons à nouveau sur la route, dans le coin de Mont-Tremblant cette fois, au moment d’aller se garer dans la nuit qui est maintenant bien fraîche, nous croisons sous nos feux une biche en plein milieu d’un village. Le lendemain nous visitons la ferme des Petits Oignons (Pour en savoir plus, c’est ICI), recommandée par JM et son équipe. Bien accueillis, nous passons la journée avec l’équipe, moi sur le chantier de plantations d’ail à l’arrière d’un tracteur en compagnie de deux autres, Thomas sur la préparation de l’ail pour la plantation, la récolte des cerises de terre et des aubergines. C’est une ferme plus mécanisée et c’est intéressant de voir comment ils fonctionnent, un très bel endroit et encore de belles personnes rencontrées même si une journée est bien trop courte pour ça. 

Direction Ontario ! On passe par Ottawa. Déjà on sent qu’on a quitté le Québec en arrivant dans cette grosse ville administrative et très urbaine. On s’échappe en allant visiter le musée de l’agriculture et la serre tropicale dans le même coin. Le musée est très orientée agriculture conventionnelle et alimentation moderne (très transformée, pleine de conservateurs, « bouh le pourri c’est mauvais ») mais il y a des animaux de la ferme à voir alors c’est sympathique quand même et certains images de l’agriculture plus traditionnelle en noir et blanc sont particulièrement intéressantes.